Révision de la Constitution : les raisons du blocage

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Près de quatre ans après son annonce par le président Bouteflika, le projet de révision constitutionnelle n’a pas encore abouti faute de consensus au sommet de l’État. L’échéance de fin avril, arrêtée par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, risque d’être largement dépassée.

Le 24 décembre, le président Bouteflika affirmait que la Constitution avait besoin d’un « consensus ». Mais de quel consensus s’agit-t-il ? L’appel lancé le 30 décembre par le Chef de l’État à l’opposition pour participer aux consultations autour de la révision constitutionnelle n’a pas été suivie de pas concrets. Mieux, le pouvoir a prouvé qu’il ne voulait pas dialoguer avec l’opposition. Samedi, la CNLTD n’a pas été autorisée de tenir une conférence à Alger.

Diversion

Autre preuve du manque de sincérité de la part du pouvoir est son refus de participer à la Conférence du Consensus du FFS, un parti qui a accepté les lignes rouges fixées par le FLN et le RND, alliés du pouvoir, sans contrepartie. « Ce n’est pas l’opposition qui fera avancer le projet de révision constitutionnelle, les solutions émaneront de l’intérieur du pouvoir », affirme une source proche du dossier. Ce qui est d’ailleurs loin d’être une surprise. « L’opposition est désunie, faible, mais surtout incapable de produire des solutions », poursuit notre interlocuteur.

D’ailleurs, Amara Benoyunes, ministre du Commerce a écarté l’éventualité de recourir à un nouveau round de négociation autour de la révision de la Constitution. Par conséquent, l’appel du chef de l’État à l’opposition semble être beaucoup plus une manœuvre de diversion pour gagner du temps, en attendant que les décideurs s’entendent sur la future Constitution et surtout le successeur de Bouteflika.

Le FLN : la Face visible de l’Iceberg.

Un désaccord qui impacte même le FLN dont le patron, Amar Saâdani, conditionne la tenue du congrès de son parti par la révision de la Constitution. « Pas de congrès avant la révision de la Constitution » martèle-t-il, à chacune de ses sorties.

Sur le plan organique rien n’empêche le FLN d’organiser ses assises à la date prévue et de convoquer par la suite une réunion extraordinaire du Comité central pour statuer sur le projet du président. En bloquant son congrès, Saâdani réputé proche du président Bouteflika, donne en fait des indices sur « le consensus», recherché par le pouvoir, qui est de trouver le successeur de Bouteflika, handicapé par son AVC depuis 2013.

Pour comprendre, il faut tout d’abord savoir que l’enjeu du prochain congrès du FLN consiste pour Saâdani à mettre la main sur le Comité central (CC), l’instance suprême entre deux congrès et l’organe clé du parti. C’est bien le CC qui élit et déchoie le SG, décide du candidat du parti aux présidentielles, bien évidemment après consultation des institutions officielles. Pas étonnant par ailleurs pour un parti qui se considère comme « un appareil de l’État ». Les guéguerres au sein du FLN ne peuvent en aucun cas être dissociées des conflits au sein au sommet de l’État. Les attaques de Saâdani contre le général Toufik avant les présidentielles d’avril 2014 en sont les preuves. Pour des observateurs, le clan qui dirigera le FLN après le congrès gouvernera le pays.

Guerre de succession

La réélection du président Bouteflika pour un 4e mandat en 2014 n’a pas mis fin aux polémiques sur sa succession. Dans les cercles du pouvoir et au sein même du clan présidentiel, l’on est déjà dans l’après Bouteflika.

Incapable d’assumer pleinement ses missions depuis son AVC en 2013, le président est contraint de poursuivre son mandat en attendant qu’un « consensus» soit arrêté sur son successeur.

Comme nous l’avions révélé, le chef de l’État avait consulté le général Toufik, patron du DRS, et le chef de l’armée, le général Ahmed Gaid Salah autour de la révision constitutionnelle. « Bouteflika veut obtenir un consensus rapidement. Il leur a demandé de s’entendre pour avancer », explique notre source. Le désaccord porte sur le nom du vice-président dont le poste pourrait être créé dans la future Constitution.


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