Opposition : quel avenir pour la CNLTD ?

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La scène politique algérienne a été bouleversée lorsque le président du MSP, Abderrazak Mokri, a annoncé le 30 janvier dernier, que son parti allait se lancer dans une série de consultations avec le pouvoir et l’opposition. L’annonce de cette décision, en plus d’être inattendue, soulève plusieurs interrogations, et surtout remet en cause l’existence même de la CNLTD.

De prime abord, l’initiative du chef du MSP semble être motivée par un désir de se positionner dans la perspective d’un dialogue entre le pouvoir et l’opposition. L’annonce de Mokri intervient, en effet, 24 heures après celle d’Amar Saâdani confirmant la participation du FLN à la conférence nationale du Consensus organisée par le FFS. « Les deux initiatives sont en compétition. On ne va pas laisser le terrain libre à nos concurrents », déclarait, hier, Mokri. Mais cette explication ne suffit pas. Elle ne prend pas en compte les dommages collatéraux causés par l’annonce, notamment sur l’avenir de la CNLTD.

La CNLTD a été établie dans le but d’unir les différents courants de l’opposition afin d’amorcer la transition démocratique dans laquelle le pouvoir pourrait être partie prenante mais au même titre que toutes les autres. Même si elle en est encore à ses balbutiements, la Coordination a eu le mérite d’interpeller le pouvoir en place, inquiet de voir l’opposition s’unir. Dans ce contexte, l’initiative d’Abderrezak Mokri au mieux coupe l’élan de la Coordination, au pire l’affaiblit. De par sa structure et son organisation, le MSP représente sans doute le parti le plus important de la Coordination. Tout changement de cap du MSP affecte inévitablement la CNLTD.

L’interrogation qui s’impose est donc de savoir pourquoi Abderrazak Mokri a amorcé ce changement de cap. Le président du MSP dit vouloir dialoguer avec le pouvoir et l’opposition. Les partis de la majorité que sont le FLN et le RND ont très clairement tracé une ligne rouge. Ils refuseront tout dialogue qui remettrait en cause la légitimité de toutes les instances élues de l’État. Or, Abderrazak Mokri a réitéré plusieurs fois que le pouvoir en place est illégitime. Sur quelle base va-t-il alors dialoguer avec le pouvoir ?

Si Mokri souhaite dialoguer avec ces partis, il devra donc effectuer un rétropédalage et ne plus contester la légitimité du président. Ceci aurait pour conséquence de nuire considérablement à la crédibilité du président du MSP et à son parti, souvent considéré comme le maillon faible du courant islamiste en Algérie.

Quant au souhait de dialoguer avec l’opposition, il laisse perplexe, les principaux partis de l’opposition sont membres de l’Instance de concertation et de suivi dont fait déjà partie la CNLTD. On peut en conséquence supposer que les rapports entre les partis d’opposition et le MSP sont déjà bien établis. Le FFS est quant à lui disponible pour un dialogue avec tous les partis, y compris le MSP.

Que motive donc la démarche de Mokri ? Des pressions internes au sein du parti ? Peut-être est-ce simplement la réalité qui a rattrapé le discours d’Abderrazak Mokri. Alors que le président du parti cherchait à ancrer le MSP comme un parti résolument d’opposition, des membres du MSP occupaient des postes de conseillers à la présidence et de cadres dans les ministères. Une relation fusionnelle entre le MSP et le pouvoir ferait que, fatalement, le MSP ne vivre trop longtemps loin du pouvoir. Une relation qui ferait en définitive de la CNLTD, une simple victime collatérale.


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