ENTRETIEN. Dialogue avec le pouvoir : Abderrezak Mokri explique sa démarche

Mokri

Vous avez annoncé le lancement d’une nouvelle série de concertations politiques avec le pouvoir et l’opposition. De quoi s’agit-il exactement ?

D’abord, il ne s’agit pas d’une nouvelle initiative. C’est un programme qui vise à faire valoir la plateforme des libertés et de la transition démocratique. En fait, le MSP estime qu’il ne faut pas couper les ponts. Nous sommes membres de la Coordination mais on discute avec tout le monde pour les convaincre.

Est-ce que cela veut dire que la Coordination ne discute pas avec tout le monde ?

Certains partis de l’opposition ne discutent pas avec le pouvoir en place. Nous, au MSP nous avons, par exemple, discuté avec le FFS avant de lui dire, par la suite, que sa proposition n’avait rien apporté de nouveau. Mais n’autres partis de la Coordination ont été sollicités par le FFS et ils ont refusé de le rencontrer.

Pourquoi voulez-vous lancer ce programme aujourd’hui ?

Plusieurs paramètres nous ont amenés à lancer ce programme. D’abord, l’Algérie est en train de s’engouffrer dans une crise qui fait que la situation n’est plus comme avant. On doit aller vers tous les partis politiques et leur rappeler la nécessité d’aller vers une transition démocratique. Ensuite, on estime qu’il ne faut pas rentrer dans une sorte de routine et qu’il faut faire bouger le champ politique. Les gens parlent aujourd’hui de notre programme. Cela a fait bouger le champ politique et cela est très important.

On est aussi en compétition avec les partis du pouvoir. Donc, on ne peut pas leur laisser le champ libre pour occuper la scène politique. Nous devons parler de nos idées et de nos approches de la transition démocratique. Enfin, il s’agit également d’empêcher le FFS de semer des amalgames. Ne trouvant pas des critères pour convaincre les gens, ce parti est en train d’avancer des prétextes qui ne sont pas vrais.

Quels sont ces amalgames que sème le FFS ?

Le FFS dit que son initiative est différente de celle de la CNLTD parce qu’il « considère qu’il ne peut pas y avoir de changement sans la participation du pouvoir ». Et il répète tellement qu’il y a une différence que certains ont cru à cela. Sauf qu’on dit la même chose ! Que nous appelons une transition démocratique négociée. Donc on doit redire ce qu’on avait déjà dit avant le FFS. On doit impérativement rappeler notre point de vue. C’est très important. L’initiative du FFS n’a aucun fondement et je leur avais dit cela directement quand ils nous ont rendus visite.

Le FLN participera finalement à la Conférence du consensus du FFS…

Le FFS disait qu’il avait une feuille blanche. Cette feuille a été écrite par le FLN. Ce dernier avait donné ses conditions pour participer à cette Conférence. Donc le projet du FFS est celui du FLN. Maintenant, les choses sont devenues claires. Je pense qu’il n’y a pas un parti politique, qui se respecte, qui va participer à cette Conférence avec les conditions du FLN. Qu’aurait fait le FFS si un parti de l’opposition avait conditionné sa participation par la nécessité de parler de la légitimité du pouvoir par exemple ? Le FFS aurait choisi quel parti ? Le FLN ou l’opposition ?

Ne craignez-vous pas que votre programme sème des doutes et des dissensions au sein de la CNLTD ?

Pas du tout ! Il y a une certaine confiance entre nous. Une réunion des membres de la CNLTD est prévue demain dimanche. Nous allons expliquer notre point de vue. Toutefois, je pense que les gens n’ont pas mis l’accent sur un point très important. Hier, j’ai déclaré qu’on ne va pas revenir au gouvernement. Et que cette question est tranchée de manière définitive et catégorique. Donc, il s’agit d’établir des ponts avec tout le monde mais pas question de revenir au gouvernement. On ne reviendra qu’après des élections ou dans une situation de crise profonde. C’est une autre vision.

Pourquoi n’avez-vous pas lancé ce programme avec les autres membres de la CNLTD ?

D’abord, au MSP, on respecte les spécificités de chacun. Certains de nos collègues de l’opposition ne sont pas convaincus qu’il faut aller vers le pouvoir, débattre et discuter avec lui.

Comment comptez-vous procéder ? Avez-vous déjà établi une liste de personnalités ou de partis ? 

Pas encore. Cela va se préciser mercredi lors de la rencontre du bureau (national). Mais le champ reste libre. Cela va prendre quelques semaines, deux ou trois mois. On va rencontrer le maximum de personnes.


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