Nouvelles conditions d’importation de véhicules. Le représentant de Ford et Suzuki s’explique

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Le nouveau cahier des charges relatif à l’importation de véhicules neufs, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 2 janvier prochain, divise les concessionnaires algériens. Des représentants de marques automobiles ont demandé un délai de 18 mois pour se conformer aux nouvelles normes de sécurité et à l’obligation de s’approvisionner directement auprès des constructeurs. Le groupe Elsecom (Ford, Suzuki, Daewoo, Isuzu, UD Trucks) s’est alarmé des conséquences néfastes de certaines dispositions de ce texte sur plusieurs concessionnaires.

« Ce sont les constructeurs qui demandent 18 mois supplémentaires »

Son P-DG, Abderrahmane Achaïbou, assure que ce sont les constructeurs, japonais particulièrement, qui ont demandé du temps pour adapter leur processus de production. De son côté, le directeur général du groupe, Kamal Merabet, affirme que l’entrée en vigueur immédiate de ces mesures va provoquer la disparition du marché de certaines marques, le temps de s’adapter aux nouvelles normes. Les consommateurs algériens auront alors le choix entre des voitures bas de gamme et peu sûres, notamment chinoises, et des voitures haut de gamme, plus chères, poursuit-il.

Autre élément mis en avant par Elsecom : les normes de sécurité européennes élevées, exigées par le cahier des charges, sont difficiles à mettre en œuvre à cause de la qualité du carburant disponible en Algérie. Selon eux, le carburant algérien répond, dans le meilleur des cas, aux normes Euro III. Or, les équipements de sécurité de nouvelle génération sont prévus en série uniquement sur des moteurs Euro V ou Euro VI, poursuivent-ils. C’est toute la conception du véhicule qui devrait être revue, chose compliquée, voire impossible.

Des mesures jugées inefficaces, insuffisantes et pas claires

Par ailleurs, M. Achaïbou estime que ces mesures ne mettront pas un terme à l’hécatombe sur les routes algériennes. Il insiste beaucoup plus sur le facteur humain et considère qu’il faut d’abord avoir une meilleure formation des conducteurs, notamment de poids-lourds. Il appelle les pouvoirs publics à veiller à améliorer la qualité des routes et déployer des radars en grand nombre pour réduire le nombre d’accidents mortels. Abderrahmane Achaïbou pense également que le problème réside beaucoup plus dans le parc roulant existant, constitué de « 60% de véhicules de plus de 12 ans », qui représente une grande menace pour la sécurité.

Nos interlocuteurs précisent également que les 2 airbags latéraux, situés à l’arrière « selon le cahier des charges », n’apporteront que peu de sécurité supplémentaire et ne protègeront pas le conducteur contre les chocs latéraux. De plus, ils affirment que tous les véhicules, depuis 2013, sont systématiquement dotés du système de freinage ABS et de deux airbags frontaux, rendant quasiment caduques les nouvelles normes imposées.

De plus, le DG, Kamal Merabet estime que certaines des mesures contenues dans le cahier des charges sont ambiguës et nécessitent des clarifications. Il cite en exemple la disposition prévoyant « un limitateur de vitesse ». S’agit-il « d’étouffer » le moteur et rendre impossible de rouler au-delà d’une certaine vitesse ou de fixer une vitesse donnée sans la possibilité pour le conducteur d’aller plus vite s’il le souhaite, se demandent-ils.

Augmentation des prix, hausse de la facture d’importation

En termes de prix, les dirigeants du groupe Elescom estiment que, dans un contexte de dépréciation du dinar, l’ajout des nouveaux équipements notamment les airbags à « 50 000 ou 60 000 dinars, la paire », vont mécaniquement pousser les prix des voitures vers le haut et alourdiront la facture des importations de véhicules de « 15 à 20% », soit « près d’un milliard de dollars ».

Par ailleurs, ils se sont montrés favorables à la mesure visant à stopper les surfacturations intragroupes, qui oblige les concessionnaires à s’approvisionner directement chez le constructeur. Ils disent déjà traiter uniquement avec les fabricants automobiles, sauf dans le cas de certaines marques japonaises qui confient systématiquement leurs exportations à des entreprises spécialisées.

Enfin, ils estiment que les pouvoirs publics, en ne définissant pas le terme « concédant » dans la Loi de finances complémentaire de 2009, ont contribué à l’anarchie qui caractérise, actuellement, une partie du secteur automobile. En effet, le flou qui entoure le concept de « concédant » a crée une faille, permettant d’importer des véhicules ailleurs que chez le constructeur, notamment chez des distributeurs non-agrées.


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