Entretien. Abderrezak Mokri, président du MSP : « Le SG du FLN se contredit sur l’opposition »

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Comment comptez-vous réagir face au refus de l’APN de laisser l’Alliance verte (MSP-Ennahda-El Islah) réintégrer ses structures ?

On va continuer à militer par tous les moyens politiques. Cela étant dit, il y a quelque chose qui va se développer le plus normalement possible. Le président de l’APN a semé un climat de doute et de non confiance qui ne va pas l’aider à gérer l’Assemblée. Nos députés avaient une relation de cordialité avec lui. Malheureusement, il n’a pas su assumer ses responsabilités. Il a été soumis à une pression en amont et en aval : celle exercée par les groupes du FLN et du RND et celle des directives du pouvoir en place. Car c’est une question politique qui n’implique pas seulement les deux partis politiques. Donc cette décision est un coup dur pour le président de l’APN et non pour l’opposition qui était déjà en dehors des structures. Chaque président d’assemblée a besoin des présidents des groupes parlementaires pour l’aider à mieux gérer.

Allez-vous organiser des actions pour protester contre ce refus ?

Il faut demander au groupe parlementaire. C’est à eux de voir. En tant que parti politique, on donne des directives générales et on ne rentre pas dans ces détails. On leur a demandé de montrer la réalité de la question. Et de manifester leur position comme ils l’entendent.

Vous avez droit à combien de sièges au sein des structures de l’APN ?

On a droit à, au moins, un siège au niveau du bureau de l’APN, celui d’un vice-président, deux sièges de présidents de commission, deux vice-présidents de commission et peut être deux rapporteurs.

Á quoi peut servir votre présence au sein des structures ?

Elle nous permet de défendre nos actions dans le domaine de la législation ou dans le domaine du travail parlementaire. Lorsqu’on dépose une question orale ou écrite, celle-ci atterri au bureau de l’APN. Et c’est difficile de suivre nos actions parlementaires quand on n’est pas dans le bureau. Dans le domaine de la législation, on a besoin de quelqu’un qui défend nos propositions et le processus de nos actions parlementaires.

Mais pourquoi avez-vous décidé de récupérer les sièges que vous aviez cédés il y a deux ans ?

Parce que c’est un droit. Parce que le règlement intérieur de l’APN nous le permet. Parce que c’est une tradition politique qui existe dans tous les pays du monde où l’opposition a toujours sa place dans les structures du parlement. En France, un pays qui est proche de l’Algérie et qui est donné en exemple par beaucoup de politiciens algériens, la commission des finances est attribuée directement à l’opposition pour aider au contrôle des gouvernants. Au cours de ces deux dernières années, nous avons cédé nos places pour mettre fin aux amalgames. Nous avons quitté le gouvernement, il n’y a pas longtemps et les gens ne savaient pas si on était dans l’opposition ou non. Donc on a été contraints de prendre des positions, un peu dures et très prononcées. L’objectif était de donner justement cette image plus ou moins radicale par des positions politiques, afin que les gens comprennent qu’il y a un changement au sein du MSP et au sein de l’opposition en Algérie.

Est-ce que votre volonté de récupérer ces sièges est liée à la révision constitutionnelle ?

Non. Si on a un mot à dire concernant la révision constitutionnelle, ce sera au niveau de l’opinion publique et pas au niveau du parlement. Car les rapports de force font qu’on ne peut rien faire. Par rapport aux lois, on peut toujours faire des amendements.

Pensez-vous avoir réussi à changer l’image du MSP au sein de l’opinion publique ?

Au bout de deux ans, nos activités politiques sont arrivées à convaincre l’opinion publique qu’on est effectivement dans l’opposition. Et c’est à ce moment-là que le ton était donné pour utiliser le côté positif de notre présence dans les structures de l’APN et d’appliquer aussi le règlement intérieur. Et on ne s’attendait pas à ce que le pouvoir soit aussi exclusif. Ne pas permettre à l’opposition de siéger au niveau (des structures) de l’APN est inimaginable. Même si ce n’était pas le but au début, ce refus est devenu un piège pour le pouvoir en place. Dire que l’opposition aura une place dans la prochaine constitution est un gros mensonge. Dans la copie d’Ouyahia, rien ne montre qu’il y a une place pour l’opposition. Lorsque le secrétaire général du FLN parle de ce point aujourd’hui à Boussaada, il se contredit directement avec sa position et celle de son parti au parlement. Il dit : nous voulons que l’opposition ait une place dans la prochaine constitution. Alors que lui ne tolère même pas que cette opposition siège au niveau du bureau de l’APN, ce qui est en contradiction avec le règlement intérieur.

Vous estimez donc que M. Saâdani n’est pas sincère ?

Je dis qu’il se contredit. Je trouve cela clair et net. Á vous de faire le commentaire que vous voulez.


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