Gaz de schiste : « La démarche du gouvernement va à l’encontre des intérêts de l’Algérie »

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Ahmed Bennegueouch est le Secrétaire national du RCD aux relations internationales et aux institutions. Auparavant, il occupait le poste de Secrétaire national chargé de l’environnement. Interview.

Est-ce que l’Algérie doit exploiter le gaz de schiste ?

Il ne s’agit pas de poser la question de cette manière. Si on est pour l’exploitation du gaz de schiste, on pourrait solliciter des experts pour appuyer cette position. Et on pourrait aussi faire appel à d’autres experts si on est contre l’exploitation de cette ressource.

En fait, le débat doit porter sur la politique énergétique du pays, sur laquelle on n’a aucune visibilité actuellement. En 2002, le ministre de l’Energie, Chakib Khelil, avait annoncé en grande pompes, l’exploitation des énergies renouvelables dont le solaire, en fixant des objectifs à atteindre en 2010 et en 2020. Aujourd’hui, le solaire ne couvre que 0,5% de la consommation énergétique du pays. Et ce qui nous intrigue, c’est ce qui n’a pas été dit et ce qui a été caché par les autorités.

Qu’est-ce qui a été occulté par les autorités, selon vous?

Les déclarations contradictoires des différents responsables dont le chef de l’Etat, le Premier ministre et d’autres cadres de Sonatrach, font partie des éléments qui laissent leur démarche suspecte. Et donc il faudrait se poser d’autres questions : pourquoi envoyer au marché un signal d’augmentation de l’offre, au moment où les prix du pétrole sont en baisse ? Pourquoi le président français s’engage à ne pas exploiter le gaz de schiste en France pendant son mandat, alors que son ministre des Affaires étrangères déclare (en 2012) que les entreprises françaises auront des contrats en Algérie pour l’exploitation du gaz de schiste ?

Avez-vous une réponse à toutes ces questions ?

Pour nous, cette concession faite par le gouvernement algérien aux multinationales, sous la pression de gouvernements (étrangers), afin de leur permettre d’expérimenter leurs techniques dans le sud algérien, est le deal du quatrième mandat (du président Bouteflika).

La démarche du gouvernement algérien est suicidaire et va à l’encontre des intérêts de l’Algérie. Car il s’agit d’indépendance énergétique.

En fait, la question fondamentale est de savoir s’il s’agit d’une décision souveraine. Cette fois-ci, ce n’est pas une affaire de partis politiques, mais de citoyens algériens qui se sont mobilisés autour d’une revendication qui nous semble juste et c’est du devoir de l’élite algérienne de les soutenir. C’est pour cela que nous appelons à un moratoire sur la question.


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