De la contestation pacifique aux violences : retour sur deux mois de protestation à In Salah

in salah

Entamé le 1er janvier, le mouvement d’opposition au gaz de schiste à In Salah entame, ce dimanche 1er mars, son troisième mois. Nous vous proposons de revenir sur ces deux mois de contestations dans le foyer central des contestation dans le Sud.

Janvier

Les premières protestations ont débuté à partir 1er janvier. Une première grande manifestation est organisée le 4 janvier : des centaines de personnes se rassemblent devant le siège de la daïra d’In Salah pour demander l’arrêt immédiat du forage de gaz de schiste.

Le principal argument brandi par la population est le grand danger que représente le forage pour l’environnement. Le « mépris » des autorités, selon les populations locales, joue cependant un rôle dans le durcissement du mouvement. Le forage avait en effet été inauguré par le ministre de Énergie Youcef Yousfi, sans la présence des autorités locales.

Le 8 janvier, Youcef Yousfi effectue personnellement un déplacement à In Salah pour appeler à la solidarité nationale dans un contexte marqué par la chute des prix du baril. L’intervention du ministre de l’Énergie ne fait que renforcer la mobilisation.

Le 13 janvier, Amar Saadani, Secrétaire général du FLN et originaire lui-même du Sud, critique le gouvernement et déclare qu’il n’était pas juste de « commencer par l’exploration des puits avant de s’adresser à la population du Sud pour dissiper les craintes et les appréhensions ».

Le 16 janvier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, tente de rassurer la population en publiant un message sur Facebook dans lequel il affirme que « le gouvernement n’a délivré aucune autorisation du gaz de schiste en Algérie ».

Peine perdue. Les manifestations persistent, les habitants réclamant toujours l’arrêt des forages. Le 18 janvier, le DGSN, Abdelghani Hamel, rencontre des représentants de la société civile d’In Salah. Un des représentants déclarera que « monsieur Hamel nous a écoutés avec un grand respect. Nous sommes optimistes ».

Le 21 janvier, Abdelmalek Sellal s’exprime enfin publiquement à la télévision pour tenter de rassurer une nouvelle fois la population. Peine perdue encore. Une marche de protestation est organisée le lendemain de son intervention.

Le 27 janvier, près d’un mois après le début des manifestations, c’est le président Bouteflika qui  s’exprime enfin à propos du gaz de schiste. Lors d’un Conseil des ministres restreint dédié spécifiquement à ce sujet, le Président demande « la poursuite des explications en direction de la population locale et de l’opinion publique en général, notamment pour faire savoir que les forages tests initiés à In Salah, seront achevés à très brève échéance, et pour confirmer aussi que l’exploitation proprement dite de cette énergie nouvelle, n’est pas encore à l’ordre du jour », confirmant qu’aucune décision d’arrêt des forages n’est prise.

Février

Les déclarations du Président, jugées insuffisantes, renforcent la détermination des militants anti-gaz de schiste qui décident de passer à la vitesse supérieure.

Le 3 février, les militants affirment avoir forcé l’arrêt du forage « en éteignant les groupes électrogènes ». Le 10 février, Ils ferment pendant quatre heures la route menant au site de Hassi Moumène, un champ gazier conventionnel.

Les responsables de la société civile à In Salah sont menacés par les autorités des conséquences éventuelles en cas de refus prolongé de la réouverture des institutions publiques. Les marches et les manifestations continuent d’être organisées durant le mois de février.

Le 23 février, le président du MSP Abderrazak Mokri affirme, dans un entretien à TSA, que l’exploitation du gaz de schiste est déjà en cours. Le 24 février, In Salah prend part aux manifestations organisées dans toutes les wilayas d’Algérie contre le gaz de schiste. Le jour même, le président Bouteflika déclare dans un message que « le gaz de schiste est un don de Dieu, » laissant penser que les autorités ne reculeront pas sur le dossier.

Le 28 février et le 1er mars, les choses finissent par dégénérer à In Salah. Des affrontements éclatent entre gendarmes et militants devant la base de vie de la compagnie pétrolière américaine Halliburton, chargée de l’exploration du gaz de schiste, avant de se propager vers la ville d’In Salah.

Une vingtaine de personnes sont blessées et la daïra d’In Salah est incendiée. Les violences sont toujours en cours à In Salah.


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