Quel est l’impact de la dépréciation du dinar sur les entreprises algériennes ?

Dinars billets

La dépréciation de la valeur du dinar constitue un coup dur pour les entreprises algériennes. Les patrons sont inquiets.

Fragilisation des entreprises !

« La hausse des prix des véhicules et de la pièce de rechange, due à la dépréciation du dinar, couplée à la stagnation des prix des assurances à cause du blocage des tarifs réglementaires va mettre en difficulté les compagnies d’assurance dans le futur proche », prévient Hassane Khelifati, P-DG d’Alliance assurances. M. Khelifati, anticipe des années dures pour le secteur des assurances si des solutions ne sont pas trouvées.

Le secteur agroalimentaire est touché de plein fouet par la crise. Pour Mohammed Mestefaoui, responsable commercial pour le groupe agroalimentaire Amour, la dépréciation de la monnaie nationale est une rude épreuve, d’autant plus que la matière première utilisée est généralement importée. Le groupe Amour, est déjà passé à l’action. Une hausse de 5 à 6% a déjà été opérée sur certains de leurs produits, nous a dit le responsable commercial.

Patron de NCA Rouiba, Slim Othmani estime également que la dévaluation du dinar aura un impact assez important sur les entreprises. « Nous achetons la matière première en devises. Nous avons également des lettres de crédits en cours que nous devons rembourser », explique-t-il, en affirmant que son entreprise a mis en œuvre un plan d’action  avec plusieurs scénarios pour faire face à la baisse du dinar.

Une hausse des prix inévitable !

« Si le risque de change est avéré on ne peut pas échapper à des augmentations de prix », prévient Slim Othmani, en estimant que tout l’environnement n’est pas structuré pour supporter des risques de change. La seule façon d’amortir le risque de change, selon lui,  c’est d’augmenter les prix de vente.

La grande question est de savoir si le pouvoir d’achat des Algériens peut supporter cette hausse des prix, et si elle ne va pas avoir un impact négatif sur la croissance économique, se demande Slim Othmani. Selon lui, il y a fort à parier que nous allons observer un ralentissement de l’appareil économique algérien.

Manque d’informations sur le risque de change

Le patron de NCA Rouiba regrette le manque d’informations sur le risque de change. « Nous manquons cruellement d’informations de la sphère du financement », déplore-t-il. Dans les économies structurées ou il y a de l’information, « les entreprises du secteur financier : banques, assurances, les analystes financiers produisent de l’information qui nous permet de connaitre la réalité liée au risque de change », souligne M. Othmani.

Une fois, les informations données, les entreprises pourront créer des outils et instruments qui permettent d’anticiper l’éventuelle dévaluation de la monnaie, ajoute-t-il. « Malheureusement, nous n’avons pas les informations qui nous permettent d’apprécier le risque de change, ni les outils de couverture contre ce risque de change »,  regrette Slim Othmani. Les entreprises algériennes sont livrées à leur sort lorsqu’il s’agit du risque de taux de change, dénonce notre interlocuteur.

Techniquement parlant dans un pays où il n’y a absolument aucun instrument pour protéger l’activité économique contre le risque de change, une dévaluation de la monnaie  devra se traduire par de l’inflation automatiquement, prévient-il.

« Une situation catastrophique » pour le secteur pharmaceutique

Pour le P-DG du groupe pharmaceutique privé Merinal, Nabil Mellah, la situation risque de tourner à la catastrophe dans son secteur d’activité. L’industrie du médicament est la plus touchée par la dépréciation du dinar, selon lui. En effet, il affirme que, contrairement aux autres secteurs, les fabricants de produits pharmaceutiques n’ont pas la liberté d’augmenter leurs prix. Ils doivent passer par une commission ministérielle qui refuse systématiquement, depuis 10 ans, toute hausse des prix du médicament, précise-t-il.

Dans cette situation, c’est l’industrie entière qui est menacée de disparition et même le groupe public Saidal est en difficulté, d’autant plus que celui-ci pratique des prix bas. Par ailleurs, il affirme que son secteur fait face à la concurrence des fabricants étrangers qui, eux, facturent en euros et ne souffrent pas de la variation des taux de change.

Pour parer à cette « catastrophe », Mellah préconise la mise en place effective de l’achat à terme de devises, une stabilisation du taux de change, des tarifs préférentiels pour l’industrie pharmaceutique nationale et la possibilité de fixer des prix plus justes, plus facilement.

 

 


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