Le FLN a décidé de saisir le président de la République sur ce qui se passe dans le sud du pays. Pourquoi ?
Parce que le Sud est une région sensible. En tant que parti majoritaire, nous avons estimé qu’il était de notre devoir d’attirer l’attention du président de la République sur la tension qui règne dans plusieurs wilayas du Sud. Nous avons envoyé nos cadres et nos militants dans la région. Ces derniers ont discuté aussi bien avec la population qu’avec les responsables locaux et les notables. Dans la lettre que nous allons envoyer au Président, nous développerons notre point de vue sur la situation dans le Sud, ainsi que nos propositions pour sauver la région de cette impasse.
Vous avez déclaré hier devant les membres du bureau politique que le Sud a été abandonné. Qui en est le responsable ?
Nous sommes tous responsables. Les gouvernements successifs, les partis politiques, les associations, la société civile. Il est triste de constater qu’à ce jour nous n’avons pas de stratégie clairement définie pour développer le Sud. Nous ne connaissons pas assez les potentialités de cette région. Les revendications de la population n’ont pas été prises en charge. Le FLN tire la sonnette d’alarme et pense que le moment est venu pour qu’ensemble, nous réfléchissions à des solutions pour aider le Sud.
Quelles sont, concrètement, les propositions du FLN ?
On ne peut plus continuer à ignorer les aspirations de cette population.
Et c’est là qu’intervient le rôle des partis politiques et des associations. Il faut mobiliser les citoyens, impliquer les jeunes dans la vie culturelle, politique et sportive.
Dans la lettre que nous comptons envoyer au Président, nous allons parler aussi de la qualité des gestionnaires envoyés dans le Sud. Il est navrant de constater que le Sud est devenu un refuge pour les cadres sanctionnés, les responsables nouvellement promus, sans expérience. Ce qui n’est pas normal. Cette région aujourd’hui plus qu’avant, a besoin de gens compétents, capables de déceler ses problèmes, ses capacités. Le Sud est sans projets, c’est là la triste réalité.
Que pense-vous de la protestation contre le gaz de schiste ?
Je pense que Sonatrach a une grande responsabilité dans les troubles que connait aujourd’hui cette région. Aucun travail de sensibilisation n’a été fait avant de lancer les travaux d’exploitation. Dans la lettre au Président nous parlerons aussi de la fiscalité pétrolière récoltée à Hassi Messaoud et transférée au nord. Ce n’est pas logique que les villes pétrolières ne puissent pas bénéficier de cette rente. Nous allons poser des questions sur le nouveau découpage administratif, qui fait, à mon sens, partie des solutions aussi.
Vous avez comparé la colère dans le Sud au printemps arabes. Pourquoi ?
Le printemps arabe a commencé en Tunisie avant de toucher la Lybie, la Syrie et l’Egypte. En Algérie, les troubles ont débuté à Ouargla, puis Tougourt, Tamanrasset et In Salah. Le FLN estime qu’il ne faut pas sous-estimer cette colère, au risque d’être récupérée par des mains étrangères.