Coca, Pepsi, Danone en profitent. La chute des prix du baril relance le débat sur la gestion des subventions

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Les prix du pétrole, qui sont en chute libre, relancent une nouvelle fois la question de la gestion des subventions en Algérie. Les recettes de l’État risquent de diminuer inexorablement et la rente pétrolière qui contribue largement à financer les produits de grande consommation en prendra un coup. D’autant plus que ces subventions bénéficient à tous, pauvres et riches sans distinction.

Á qui profitent les subventions de l’État algérien ?

Alors que le déficit budgétaire guette (-7% selon les prévisions du FMI) et que de nombreux projets de développement du pays sont en passe d’être abandonnés, certains appellent l’État à mesurer ses dépenses et donc à revoir sa politique de subvention en l’attribuant exclusivement aux ménages les plus pauvres. En effet, ces aides concernant des produits comme le lait, l’huile alimentaire, les céréales et le sucre notamment, bénéficient à tous les consommateurs du marché alimentaire algérien sans distinction de revenus.

Coca, Pepsi, Danone achètent du sucre subventionné

Des restaurateurs aux industriels, tout le monde en profite. On peut citer les cas les plus connus de multinationales comme Coca-Cola et Danone ou encore des sociétés algériennes telles que Rouiba ou Hamoud Boualem qui utilisent le sucre subventionné par l’État dans la fabrication de leurs produits. Des produits comme ceux de Hamoud Boualem sont même exportés. Un scandale pour certains, d’autant plus, que cela ne se répercutent pas forcement sur le prix de vente final.

Ces dysfonctionnements font désormais réagir et plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer ce système généralisé d’attribution. Cité par le quotidien national Liberté, Mohamed Sghir Babes, président du Conseil national économique et social (CNES) réagissait hier lors d’une réunion : « On ne peut pas continuer à subventionner autant de produits sachant que cette subvention ne sert pas forcément les citoyens ; elle encourage plutôt le gaspillage et la fuite des produits subventionnés vers les pays voisins. »

Cette situation entraîne effectivement des trafics aux frontières et contribue au développement d’un commerce informel entre les pays du Maghreb.

Les recettes des pays voisins

La contrebande touche également la Tunisie puisque le pays perd pas moins de 1,2 milliards de dinars (tunisiens) chaque année selon les estimations de la Banque Mondiale. Le problème de la généralisation des subventions est aussi en question.

Pour y faire face et limiter l’utilisation de produits de base subventionnés aux personnes nécessiteuses, le ministère de l’Industrie tunisien a instauré un quota sur certains aliments comme l’huile. Des mesures de contrôle sont aussi mises en place pour garder un œil sur les restaurants à qui la loi interdit l’utilisation d’huile subventionnée par exemple. Par ailleurs, une différence de prix existe sur d’autres aliments (comme le sucre en transformation) selon qu’ils soient destinés aux ménages ou aux industriels.

De son côté, le Maroc prend aussi des mesures progressives pour limiter ses dépenses budgétaires. Le gouvernement annonçait en novembre, que les produits pétroliers ne seraient plus subventionnés et que le budget de la caisse de compensation serait dégraissé en passant de 55 milliards en 2012 à 23 milliards de dirhams en 2015. Une réforme qui vise à assainir les finances publiques et qui avait été fortement encouragée par le FMI.

Par ailleurs, l’idée de diminuer les subventions sur les produits de base pour verser des allocations directement aux populations démunies fait lentement son chemin au sein du royaume chérifien.


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