Á quoi ressembleront les nouveaux CHU ?

hopital (1)

Anis Bendaoued est directeur général adjoint de l’Agence nationale de gestion des réalisations et d’équipement des établissements de santé (Arees). Il revient dans cet entretien, accordé à TSA, sur les différents projets de réalisation de nouveaux Centres hospitaliers universitaires (CHU).

Á combien s’élève le nombre d’hôpitaux qui seront réalisés ?

Le programme qui a été décidé par les pouvoirs publics comporte la réalisation de neuf CHU qui seront implantés à Alger, Tizi-Ouzou, Tlemcen, Constantine, Ouargla, Béchar, Annaba, Batna et Béjaïa. Il y a un dixième CHU qui a été décidé dans le cadre du programme complémentaire. Il s’agit de celui de Sidi Bel Abbes. Il faut noter qu’il a été décidé d’inscrire, en priorité, cinq CHU : Alger, Tizi-Ouzou, Constantine, Tlemcen et Ouargla.

Á quoi ressembleront les nouveaux CHU ?

Les hôpitaux dont nous disposons actuellement ne répondent plus au besoin par rapport à l’évolution de l’hospitalier en général. Les CHU existants datent de l’époque coloniale et sont tous conçus avec le système de pavillons. Il s’agit de différents services étalés sur des pavillons éparpillés. Aujourd’hui, l’hospitalier a changé. Au lieu d’avoir plusieurs services éparpillés, les nouveaux hôpitaux seront dotés d’un seul bâtiment dans lequel toutes les spécialités seront regroupées.

Ce qu’il y a de nouveau, aussi, c’est qu’auparavant on fonctionnait par service, chose qui n’est pas vraiment rentable et efficace. Aujourd’hui, l’organisation se fera en pôles. Dans un même bâtiment, il va y avoir plusieurs pôles. Un pôle va regrouper plusieurs spécialités dans le même domaine. Je citerai par exemple le pôle « tête-coup ». C’est-à-dire qu’avant, nous avions, par exemple, le service ORL, le service endocrinologie et ophtalmologie séparément. Avec les nouveaux projets, nous aurons un seul pôle qui se nommera « tête-coup », où toutes ces spécialités seront regroupées de manière à ce qu’on puisse rentabiliser par une mutualisation des moyens.

Même chose pour l’équipement notamment ceux d’imagerie et les laboratoires. Avant, on dédiait un matériel pour chaque service. Avec la nouvelle conception nous aurons des plateaux techniques. Il y aura, donc, un laboratoire central qui sera au service de toutes les spécialités. Il va y avoir un transport des prélèvements par pneumatique. Á chaque fois qu’il y a un prélèvement, dans n’importe quel service, on le transporte mécaniquement au laboratoire central. Les résultats seront affichés directement sur l’ordinateur du médecin traitant. La notion que nous avons, également, rajoutée est l’introduction des énergies renouvelables. Nous avons, par ailleurs, accordé beaucoup d’importance aux espaces verts.

Où seront, exactement, implantés ces hôpitaux ?

Á Alger, le CHU sera au niveau de Staouali. Pour Tizi-Ouzou, c’est le nouveau pôle urbain de Oued Fali. Constantine, c’est à Ali Mendjeli. Pour Tlemcen, c’est dans la localité de Chetouan et enfin pour Ouargla, c’est au chef-lieu de la wilaya.

Les travaux sont-ils entamés ?

Non pas encore. Nous avons remis les cahiers des charges aux entreprises concernées, depuis le mois de mars. Nous sommes en relation directe avec eux pour faire évoluer le projet. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la finalisation des offres techniques. Il faut le temps nécessaire aux études pour ne pas rater le projet. Nous n’allons pas nous éterniser, mais les études sont très importantes. Nous travaillons d’arrache-pied, avec les experts des consortiums, pour arrêter, en première étape, le projet médical. On ne décide pas de réaliser un CHU sans définir nos besoins. Ces derniers, ne peuvent être définis qu’en faisant une analyse sur le terrain. Nous avons donc travaillé pour savoir quels sont les besoins de la région en matière de soins et de spécialités. Chaque CHU a un programme différent pour répondre aux besoins de la région. Ensuite, nous avons travaillé sur le programme fonctionnel. C’est-à-dire, où seront installés les accès, le plateau technique, comment gérer les flux des malades et visiteurs, entre autres.

Les nouveaux CHU seront donc spécialisés…

Comme je viens de le dire, nous avons spécialisé les hôpitaux en fonction des besoins de la région. Je vous citerai comme exemple l’hôpital d’Alger. Nous avons prévu l’oncologie et la radiothérapie comme spécialité dans le CHU. Par contre à Tlemcen, cela ne sera pas le cas. Le CHU de Tlemcen est mitoyen avec le centre anti-cancer en cours de réalisation. On ne peut donc pas prévoir les mêmes spécialités. Pour le CHU Ali Mendjli à Constantine, qui est prêt de l’autoroute Est-Ouest, nous avons donné de l’importance à la traumatologie, pour prendre en charge, rapidement, les victimes des accidents de la route. Á Tizi-Ouzou on a donné plus d’importance au pôle mères et enfants et à la néphrologie.

Á quelle date seront-ils livrés ?

On prévoit 40 mois de réalisation. Les études seront finalisées d’ici début 2015. En 2019 on aura nos hôpitaux.

Á combien s’élève le coût de ces projets ?

On ne peut pas se prononcer sur les coûts, pour le moment. Nous sommes actuellement sur les offres techniques.

Pourquoi avez-vous recouru au gré à gré lors de l’attribution des marchés ?

Pour les cinq CHU prioritaires, le gouvernement a décidé, en 2013, qu’ils seront confiés de gré à gré à de grandes entreprises spécialisées. Cette décision a été motivée par l’urgence et ce n’est pas vraiment un gré à gré. C’est vrai, il n’y a pas eu de concurrence, mais il y a eu une présélection. Le ministère de l’Habitat était chargé de lancer un appel à présélection pour retenir les entreprises d’envergure qui ont des références dans la réalisation et gestion de CHU. Les entreprises sélectionnées seront chargées de la réalisation, équipement et gestion. Le ministère de l’Habitat a donc arrêté un cahier des charges et a lancé un appel à présélection avec des conditions d’éligibilité strictes. Le résultat a donné lieu à une short-list dans laquelle figurent 10 consortiums. Sur les dix, cinq ont été choisis pour le gré à gré des programmes prioritaires. Le choix n’a donc pas été aléatoire.

Pourquoi ne pas inclure les entreprises nationales dans la réalisation ?

Les entreprises nationales vont être associées. Les entreprises étrangères doivent impérativement travailler avec des algériens. Il y a une possibilité de sous-traiter jusqu’à 30% du marché à des entreprises algériennes. Nous avons, également, donné l’obligation de recruter de la main d’œuvre locale. Ce qui est, aussi, important c’est que, dans notre cahier de charges, nous avons prévu un plan de formation important à tous les niveaux.

Comment se fera concrètement la gestion de ces établissements hospitaliers ?

Il s’agira d’une cogestion. Les opérateurs étrangers s’occuperont de la gestion avec l’administration prévue pour le CHU. Une année ou deux avant l’ouverture des CHU, la fonction publique définira les cadres qui géreront la partie algérienne. Ces personnes recevront des formations avant la mise en service de l’hôpital. Les entreprises étrangères, vont nous apporter leur savoir-faire et expérience mais le noyau dur sera algérien. Au bout de cinq années on va commencer à élaguer la partie étrangère.

Prévoyez-vous des équipements modernes ?

Les équipements vont être modernes. Nous avons exigé, dans le cahier des charges, que tous les équipements qui seront installés doivent être de dernière génération. Ils doivent, aussi, être évolutifs pour qu’ils soient mis à jours au fil des années. Des hélicoptères pour transporter les malades, sont également prévus.

Ces nouveaux CHU seront accessibles à tous les citoyens ?

Evidemment, la gratuité des CHU est consacrée. Nous appréhendons, juste, que les malades et les médecins préfèrent tous aller dans les nouveaux hôpitaux. C’est pour cela que le ministre de la Santé a décidé de travailler en parallèle à la restructuration des anciens CHU.

Le nouvel hôpital d’Oran, censé être moderne, n’est pas très différent de l’ancien. Á quoi est-ce dû ?

C’est parce que il y avait un problème de conception et d’étude. Le projet médical de l’hôpital n’a pas été défini convenablement.

Vous avez signé en février dernier un partenariat avec l’Agence française pour le développement international des entreprises (Ubi France). Pouvez-vous nous donner plus de détails ?

Il ne s’agit pas d’un marché commercial mais d’un partenariat qui a pour but d’échanger les expériences. Nous avons organisé, dans ce sens, deux colloques.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici