Les propos indignes tenus par Moh Cherif Hannachi, président de la JSK, à propos de l’arbitre, jeté en pâture à la vindicte et sur Albert Ebossé – « il a trop couru » – sont désarmantes de bêtises. Ainsi Ebossé est mort parce qu’il s’est trop dépensé, il n’a pas compté ses efforts, ni son engagement pour son club. Mort par sa faute en somme !
Jurassic Park !
M. Hannachi a jeté la dernière pierre sur le cercueil d’Albert Ebossé, ce qui est moralement dégradant pour son auteur. On se demande ce qui maintient ce dirigeant à la présidence du club kabyle. Lorsque l’on a aussi peu de considération pour les joueurs, on fait autre chose. Qui plus est le président de la JSK, est convaincu qu’il n’a rien à se reprocher, qu’il n’a aucune responsabilité dans ce drame.
C’est typique de la culture algérienne depuis quelques années, le règne de l’irresponsabilité et de l’impunité. Personne n’assume, personne ne démissionne. Un crash aérien, un mort dans un stade, circulez, y a rien à voir ! On se contente de délivrer de fausses raisons, sans aucune remise en cause. À ce train, l’Algérie va bientôt ressembler à Jurassic Park. La lutte des places a remplacé l’engagement désintéressé pour la collectivité.
Justice pour Ebossé
Depuis la mort du footballeur camerounais à Tizi Ouzou, aucune décision n’a été annoncée. Aucune sanction n’a été prise. Aucune mesure pour la sécurité dans nos stades n’est apparue. Albert Ebossé est mort pour rien. Car rien ne justifie ce qui s’est produit et rien n’excuse la négligence des dirigeants de la JSK qui savaient que leur stade, en travaux, recelait en son sein les armes que des hooligans ont utilisées pour tuer Ebossé.
Au-delà de l’indignation générale, la Fédération, le ministre, la LFP ou les clubs, personne n’a été à la mesure du drame, encore une fois aucun de ceux qui ont en charge le football n’ont été à la hauteur de l’enjeu. Malheureusement, il est à craindre que jamais justice soit rendue à Albert Ebossé. Non que personne ne le veuille. Mais personne n’a l’ambition ni le courage de se colleter avec la réalité pour la transformer, chacun gère son pré-carré en priant pour que les projectiles tombent sur le voisin.
