À la cité Les Sources, à Alger, des habitants en appellent à Bouteflika pour sauver un parc

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fLes habitants de la cité Les Sources, dans la commune de Bir Mourad Raïs à Alger, dénoncent la destruction d’un parc de 2 600 m2 au profit d’un projet immobilier. Ils demandent au président de la République d’agir face à ce qu’ils considèrent comme une décision arbitraire.

Lorsque notre voiture arrive près de la cité Les Sources, de la tôle ondulée en guise d’accueil. Des barrières érigées sur une centaine de mètres. Impossible d’apercevoir l’entrée de cette cité construite dans les années 70.

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Des immeubles à la place d’un parc

Ces barrières protègent le fameux chantier tant décrié. Un énorme projet de trois immeubles sur 14 étages chacun et un parking sur deux niveaux. Tout cela sur un terrain de 2 600 m2. La surface accueillait, il y a encore quelques semaines, de nombreux chênes et des espaces verts pour les habitants.

Pour entrer dans la cité des Sources, il faut contourner cet immense espace. Au bout de la route Hassen Ibnou Nouamane, nous arrivons au centre de ce village dans la ville. Un endroit sérieusement amoché depuis l’installation du chantier le 12 juillet dernier.

Il semble déjà très loin le temps où les habitants allaient profiter de l’ombre qu’offraient les arbres à quelques mètres de la frénésie urbaine. Des arbres qui ont pourtant leur histoire. Prévu dans le plan de masse dès la construction de cette cité, l’espace a été imaginé pour offrir un coin d’oxygène aux habitants.

Mais déjà dans les années 90, il est vendu en catimini par le Centre national d’études et de recherches appliquées en urbanisme (CNERU) à un particulier.

 Promesse non tenue

L’acquéreur cherche à obtenir un permis de construire. Mais la fronde des habitants a raison de lui. Il fuit, quelques temps plus tard, afin d’éviter de rembourser un emprunt bancaire. Le terrain est alors vendu aux enchères en 2011. Un promoteur l’achète pour 230 millions de dinars, sans que la mairie n’intervienne pour tenter de préempter le bien et tenter de le sécuriser.

Pourtant, la mairie jure à ses habitants que cet espace sera préservé coûte que coûte. « Ils nous ont dit qu’on serait une cité pilote, qu’en plus on obtiendrait un abribus et un bureau de poste », raconte, amer, Mohand Hachemi, le président du Comité de la cité.

Bouteflika sollicité

Début juillet, les premiers coups de pioche auxquels s’attendent les habitants ne sont pas ceux qu’on leur avait promis. « Ils nous ont dupé », se lamente Mouloud, habitant au 9e étage d’un immeuble dont la jolie vue sera complètement obstruée lorsque les travaux seront terminés. « Le jour où ils ont commencé les travaux, on était dégouté. Les femmes pleuraient. »

Les habitants ne comptent pas en rester là. Ils ont saisi les tribunaux pour tenter d’empêcher la construction de ce complexe. La décision est attendue pour ce jeudi 21 août. En attendant, ils ont écrit une lettre au président de la République pour qu’il agisse face à ce qu’ils estiment être une injustice.

Le maire se défend

Le ressentiment est d’autant plus fort que les conditions d’attribution de ce marché semblent étranges pour les habitants. Il se dit que le wali d’Alger aurait fait pression sur le maire pour attribuer un permis de construire à ce nouvel acquéreur, un homme au carnet d’adresses bien fourni.

Mais sur ce sujet, le maire de Bir Mourad Rais, se défend avec vigueur. « Je n’ai subi aucune pression. Le projet a fait l’objet d’une présentation devant un comité. L’acquéreur a livré un dossier bien ficelé », estime Mohamed Zikem.

La wilaya refuse de s’expliquer

En poste après la vente du terrain à ce promoteur, le maire tente de justifier cette décision. « Dans le fond, je suis d’accord avec les habitants. Moi aussi je préfère un jardin à une bâtisse. Mais lorsqu’il s’agit d’un terrain privé on ne peut pas obliger l’acquéreur à le laisser tel quel. »

Mais les habitants n’en démordent pas. Pour eux, cette décision est politique. « Quand les clôtures ont été installées il y avait deux fourgons de police », raconte Mohand Hachemi. « Le commissaire a même menacé d’embarquer ceux qui tenteraient de s’interposer. Je n’ai jamais vu ça. »

Sollicité par téléphone, le cabinet du wali d’Alger n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.


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