L’Algérie face au chaos libyen

libye 1

La situation en Libye inquiète à plus d’un titre les autorités algériennes. Sur les frontières, c’est l’état d’alerte. Des informations ont fait état d’une décision prise par les autorités algériennes de fermer leur espace aérien aux avions libyens après la prise de contrôle des aéroports de ce pays par les extrémistes. Mais cette information a été catégoriquement démentie par une source bien informée qui s’est confiée à TSA. « L’Algérie n’a pas fermé son espace aérien et elle ne peut pas prendre seule cette décision puisqu’une majorité des appareils qui décollent de la Libye passent par notre espace aérien », souligne notre interlocuteur.

Notre source précise que la décision d’interdire aux avions algériens de se rendre en Libye a été  prise, par contre, au moment de la fermeture des frontières terrestres.  Mais « il est quasiment impossible pour les groupes armés d’utiliser des avions pour perpétrer des attentats en Algérie ». « Je n’irai pas jusqu’à dire que ce risque est nul, mais une telle action est quasiment impossible, car ces groupes savent que l’armée algériennes les surveille et surveille tout mouvement suspect d’avions à nos frontières », poursuit notre interlocuteur.

Ne pas abandonner les populations libyennes

Mais même si le volet sécuritaire domine les relations entre la Libye et les pays voisins comme l’Algérie, une autre source rappelle que, de l’autre côté des frontières à Ghat et Ghedames, des milliers de familles souffrent de la fermeture des frontières terrestres. « Ces populations sont complètement isolées. Le Nord de la Libye est  instable et l’Algérie, qui  a été  jusque-là une bouffée d’oxygène pour elles, a fermé ses frontières ». Pour notre source, « l’Algérie doit absolument revoir sa position ». Et de poursuivre : « Si le conflit dans le Nord de la Libye persiste, l’Algérie sera contrainte d’ouvrir ses frontières aux Libyens pour permettre l’accès aux soins et des approvisionnements en nourriture et en médicaments ».

La solidarité des populations du Sud algérien

Un groupe de notables du Sud algérien a saisi le Premier ministre au sujet de ce dossier,  qui a  promis d’examiner la question. « Nous avons d’abord discuté avec les autorités militaires. Ces derniers nous ont expliqué que la décision est politique. Ce n’est pas l’armée qui a décidé cette fermeture, mais le président Abdelaziz Bouteflika en personne », souligne  un notable de la wilaya d’Illizi. La semaine dernière, la population de Janet a tenu  un sit-in pour exiger la réouverture des frontières. En fait, beaucoup de familles algériennes vivent à Ghat et dans d’autres régions de l’autre côté de la frontière.

Pas d’approvisionnement, pas de renseignement

« Fermer les frontières n’est pas la solution », explique notre source. « Les terroristes ne vont pas passer par les postes frontaliers pour venir commettre leurs actes en Algérie. Tiguentourine en est la preuve », ajoute-t-elle.  Un constat rappelé à Abdelmalek Sellal par les notables du Sud.  Ces derniers ont proposé aux autorités algériennes d’ouvrir, pour quelques heures par jour, les frontières pour permettre aux familles de s’approvisionner en nourriture et aux malades de se soigner.

« Cette solution va arranger les deux parties algérienne et libyenne », dit notre source. L’enjeu dépasse, en effet, le seul aspect humanitaire. Explication : « Les Libyens et même des Algériens; qui vivent dans les zones frontalières, refusent désormais de collaborer avec les autorités algériennes en matière de renseignement. J’ai eu personnellement à discuter avec ces familles qui ont été jusqu’à un passé récent notre source d’information sur les déplacements des groupes terroristes dans la région. J’ai été surpris par le refus de certains de collaborer avec nous », précise un notable. « Elles nous disent : pourquoi sommes-nous obligés de vous aider ? Vous avez fermé les frontières, empêché nos malades de se soigner, alors débrouillez- vous ». « Il faut agir vite. Nous avons besoin d’eux », conclut notre source.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici