Hamid Grine rend visite à la famille du défunt journaliste Tahar Djaout

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À Bainem, sur la côte est d’Alger, la cité où a vécu Tahar Djaout n’a vraiment pas changé en 21 ans. Le journaliste, poète et écrivain est victime d’un attentat terroriste le 26 mai 1993. Dans le parking duquel surplombe son appartement, les voitures sont toujours garées là. Mais lui n’est plus. Sa famille y réside encore, devant supporter l’image du père et de l’époux, jeté de sa voiture par ses assassins, après lui avoir administré deux balles dans la tête.

Tahar Djaout, premier journaliste à être assassiné par les terroristes, a rendu l’âme le 2 juin, après six jours passés dans un coma profond. « Il a salué sa fille de trois ans qui était au balcon. Elle l’a vu mourir. On ne doit pas oublier », affirme Outoudert Abrous, directeur du quotidien Liberté, assis dans le salon familial. L’ami de la famille revient pour s’enquérir des enfants et de la veuve. Un grand portrait de Tahar Djaout trône au milieu du mur du salon. La télévision, Dzair TV, est venue faire un reportage. La famille accepte mais refuse de se montrer à l’écran. La pudeur la dispute à la volonté d’honorer le père et l’époux. Mais dans cette famille où le sens du devoir passe par les mots, on laissera l’assistance parler du poète, conter ses engagements. « Nous avons révisé ensemble lorsque nous passions notre bac. Et il était là quand ma femme, enceinte de notre première fille, a eu ses premières contractions. C’est lui qui nous a emmenés à l’hôpital », poursuit Abrous. L’émotion est forte. La veuve et les enfants de Tahar Djaout gardent le silence. Abrous, lui, baisse la tête. La télévision Dzair TV arrive. Mme Djaout prépare quelques sièges.

Le ministre de la Communication, Hamid Grine, fait son entrée dans le modeste appartement de la famille de l’écrivain-journaliste. Le petit salon se remplit de caméras, des proches de Djaout et de cadres du ministère de la Communication. C’est la première fois qu’un ministre de la Communication se déplace dans une famille dont l’un des membres, journaliste, a été victime du terrorisme. « Je suis moi-même journaliste. Ma première pensée lorsque j’ai pris mes fonctions a été d’honorer la mémoire de Tahar Djaout en allant chez les membres de sa famille », explique le ministre.

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Ce qu’il faut y voir, insiste Hamid Grine, ce sont « tous les atouts dont disposait Djaout. C’est ma vision de l’avenir. Celle du journaliste de demain. Un ensemble d’éthique, de professionnalisme et de talent. Tahar Djaout, à la plume engagée, doit constituer un modèle. Son engagement n’a jamais été empreint d’insultes ou de médisance. Ces écrits s’appuyaient sur des démonstrations ». « J’ai voulu rendre hommage au grand professionnel qu’il était, le symbole du journalisme professionnel. Il était contre l’invective et la diffamation », insiste M. Grine. Un geste fortement symbolique.

Abrous et Nadjib Stambouli, qui ont bien connu Tahar Djaout, acquiescent aux propos du ministre. Mme Djaout sera honorée d’un bouquet de fleurs et d’un trophée à l’effigie du son époux. Le ministre, assis entre Abrous et Stambouli, évoquera ses prochaines mesures autour de la carte de presse, la professionnalisation du secteur et ses espoirs de pouvoir permettre  « l’émergence d’une presse libre et responsable ». Chacun jetant un coup d’œil au portrait du poète placé au-dessus du canapé. Comme une intime demande d’assentiment.


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