Pourquoi les logements promotionnels privés sont chers

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Les prix des logements promotionnels privés ne cessent de grimper. Lors du salon Batimatec qui s’est tenu la semaine passée à Alger, des promoteurs immobiliers expliquent cette ascension des prix par la hausse des prix des matériaux de construction et du foncier. Le mètre carré d’un terrain à construire coûte « 200 000 dinars, voire plus, à Alger », avance un entrepreneur qui trouve que les prix du foncier sont « exorbitants ». En plus du coût élevé, la hausse de la demande et la rareté de l’offre ont favorisé la spéculation, selon le même promoteur. « C’est un secteur où la spéculation est le maitre mot », a-t-il insisté. Cette spéculation est particulièrement importante dans la capitale où les logements sont très chers par rapport aux salaires.  Ainsi, pour un logement, un mètre carré oscille entre 150 000 dinars et 400 000 dinars sur Alger,  selon le quartier. Par exemple, un  appartement de 100 m2 dans une résidence au niveau de  Birtouta (ouest d’Alger) peut dépasser les 10 millions de dinars, alors qu’à Tixeraine il peut atteindre 20 millions de dinars. Tout dépend du lieu et de l’emplacement du logement.

Des appartements promotionnels ont été vendus à 22 millions de dinars à Saïd Hamdine, explique un promoteur. « Et ils se sont vendus sur plan comme des petits pains », lance-t-il. Le logement est devenu un très bon moyen pour gagner rapidement de l’argent. « Des promoteurs immobiliers passent par des agences immobilières pour vendre leurs logements. Ces agences prennent jusqu’à trois millions de dinars par appartement, et c’est l’acquéreur qui paye la facture », explique le promoteur. Le marché de l’immobilier est hors de contrôle. Pour un autre professionnel du logement, la question du foncier urbain et notamment les prix appliqués au mètre carré font automatiquement augmenter les tarifs du bâti.

Plusieurs promoteurs refusent de parler des prix prétextant qu’ils ne veulent pas « médiatiser leurs projets ». C’est là une technique pour que le client ne soit pas au courant des vrais prix de l’immobilier, selon un responsable dans une entreprise publique de construction. « Les promoteurs privés ne communiquent pas les prix et chacun fait sa propre loi », a-t-il expliqué.

Un autre promoteur explique les méthodes astucieuses utilisées par certains opérateurs de l’immobilier. « Vous prenez une ville comme Sétif où la promotion immobilière est devenue une spécialité. Les promoteurs font dans l’optimisation du prix de revient de l’appartement. Au lieu de réaliser trois appartements de 80 m2, ils proposent des logements de 200 m2 pour 150 000  et 200 000 DA le m2. Les matériaux de construction et équipements utilisés pour trois appartements vont être réduits, puisqu’il s’agit de réaliser un seul logement qui est revendu selon le cours actuel, à 200 000 DA le m2 », explique-t-il.

Cette technique leur permet de toucher les riches qui cherchent des appartements spacieux de haut standing. « À ce moment, les promoteurs se permettent même de placer un ascenseur, des cuisines équipées des saunas, jacuzzis et même des garages. Ils utilisent des matériaux de construction de luxe d’importation et s’en sortent avec des bénéfices qui dépassent de loin ceux qui exploitent la même surface pour construire trois appartements, qui vont être revendus pour le même prix au m2. C’est du trois en un ! », lance-t-il.

Les prix de l’immobilier sont surtout soutenus par les opérations de blanchiment d’argent menées par les trafiquants de drogue et tous ceux qui gagnent illégalement de l’argent, comme les barons de l’informel. L’immobilier est une valeur sûre et constitue le meilleur moyen pour blanchir les milliards gagnés dans le commerce informel, l’importation, le trafic de drogue, etc. Et curieusement, le gouvernement n’interdit pas le paiement de logements en cash.

 

 


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