On verra à l’usage, mais c’est un très bon signal envoyé par le gouvernement. Pour la première fois, un ministre de la Communication est un titulaire qui connaît à la fois les médias et la communication, une qualité rare en Algérie. Journaliste et écrivain -il est l’auteur de 18 ouvrages-, Hamid Grine remplace Abdelkader Messahel, un ministre qui concevait son activité comme devant se résumer à boire des verres avec les journalistes étrangers. Aucune stratégie et aucun bilan ne sont à porter au crédit de ce ministre qui aura été quasi invisible. Autant dire qu’il sera facile à Hamid Grine de se différencier d’un prédécesseur, dont le passage à la tête de ce ministère sensible sera oublié dès la passation des pouvoirs.
Hamid Grine, lui, est au contraire un bon connaisseur du monde des médias et de la communication. Dans son dernier poste à la tête des relations publiques de Djezzy, il aura notamment œuvré pour sortir par le haut du conflit entre l’opérateur téléphonique et l’État algérien. Il a aussi géré la crise née des tensions entre l’Algérie et l’Égypte en 2009 à la veille du Mondial. Il a également, de longue date, compris et intégré la nouvelle donne induite par les réseaux sociaux et le numérique en général.
Reste maintenant à savoir s’il aura la possibilité de mener une véritable politique de communication au service de l‘Algérie dans une période politique complexe. Le Maroc et la Tunisie ont, à cet égard, des leçons de professionnalisme à donner aux Algériens dans leur stratégie internationale. C’est, en effet, l’image de l’Algérie qui est à revoir entièrement loin des clichés véhiculés.
Parmi les dossiers prioritaires du nouveau ministre figurera également la nouvelle gestion de l’Anep comme évoquée par le Président dans son dernier discours. Cette manne financière publique devrait être à présent attribuée aux médias, selon des critères d’audience et non plus selon le bon plaisir d’officiers du DRS, comme l’a promis le chef de l’État. Là encore, Hamid Grine devra se montrer audacieux au risque de faire des mécontents.
