Bras de fer inédit entre l’Union européenne et l’Algérie

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C’est un bras de fer inédit dans l’histoire des relations entre l’Algérie et l’Union européenne. Depuis le début de l’année, le ton est même monté entre les deux parties. Ainsi, Alger refuse toujours de reconnaître l’élargissement de l’Union européenne à la Croatie, effectif depuis le 1er juillet 2013. Concrètement, l’Algérie refuse d’appliquer aux produits croates les tarifs préférentiels prévus dans l’Accord d’association avec l’Union européenne, provoquant la colère de ce pays et les critiques des autres membres de l’Union.

« Les Algériens ne veulent pas appliquer l’Accord à la Croatie. Et donc, ils n’appliquent pas les tarifs préférentiels aux produits croates, alors que la Croatie l’applique, elle, à l’Algérie », accuse une source diplomatique européenne à Alger, qui a requis l’anonymat et pour qui « Alger veut des compensations supplémentaires avec l’Union européenne et utilise cette affaire d’adhésion de la Croatie ».

Pour les Croates, la décision d’Alger n’est pas innocente. Elle est clairement dirigée contre leur pays. Une version que réfutent les Algériens. « L’Algérie ne refuse pas de reconnaître l’élargissement de l’Union européenne à la Croatie. C’est un non-sens !», veut croire une source officielle algérienne, qui rappelle que « l’ancien ministre des Affaires étrangères, M. Medelci, avait même rehaussé de sa présence la cérémonie festive qui a marqué cet événement et nous avions félicité le gouvernement et le peuple croate à cette occasion. Il n’y a donc aucun problème avec la Croatie en tant que telle ».

Pour Alger, la question qui se pose est la suivante : « L’accord d’association que nous avons signé avec l’Union européenne prévoit, en cas d’élargissement de cette dernière, la tenue de consultations pour évaluer l’impact de cet élargissement et chiffrer le manque à gagner pour la partie algérienne conformément aux dispositions de l’article 21 de l’Accord dans le cadre de la clause de compensation », affirme la source officielle algérienne.

« Il faut signaler que les exportations de produits algériens vers la Croatie se heurtent désormais aux contingents et autres règles d’origine alors que les exportations croates vers notre pays sont appelées, elles, à bénéficier des tarifs préférentiels prévus par l’Accord », ajoute-t-on du côté algérien. L’Algérie veut « placer des quantités supplémentaires de produits algériens sur le marché européen dans le cadre de cette compensation. Tout accord est bâti sur l’équilibre des intérêts », précise Alger.

Un argument qui fait bondir le diplomate européen, directement impliqué dans les négociations. « La Croatie applique déjà l’Accord et les tarifs préférentiels pour les produits algériens. L’Algérie ne respecte pas ce qu’elle a signé. C’est tout ! Malheureusement », accuse-t-il. Selon lui, Alger veut profiter de cet élargissement « pour changer d’autres articles signés dans l’Accord ». Ce que les Européens refusent.

La décision de l’Union européenne de ne pas envoyer des observateurs à la présidentielle est-elle liée à ce bras de fer ? « Je ne le pense pas », répond le diplomate européen pour qui cette décision de l’Union européenne a encore compliqué les choses avec Alger sur le dossier de la Croatie. Les discussions devraient néanmoins reprendre très prochainement entre les deux parties.

 


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