Quand l’Union européenne refuse de cautionner des élections « à l’algérienne »

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C’est là un double camouflet. Que l’Union européenne ait finalement choisi de ne pas envoyer de mission d’observateurs pour le scrutin présidentiel du 17 avril est une très mauvaise nouvelle pour l’Algérie. La bande des six et les conseillers d’Abdelaziz Bouteflika pouvaient expliquer que le scrutin du 17 avril serait un modèle de démocratie, il était évident pour tous que des observateurs réellement indépendants serraient alors déployés pour y veiller.

L’Union européenne vient de refuser de se porter au secours de l’Algérie. Officiellement, c’est une question de timing. La demande faite par les autorités algériennes est parvenue trop tardivement aux autorités de Bruxelles pour que ces dernières puissent organiser leur déplacement en Algérie.

De deux choses l’une : première hypothèse, les autorités algériennes voulaient demeurer « entre elles » et ont fait trainer les choses avec l’Union européenne de manière à obtenir un veto, officiellement dû au retard administratif.

À l’inverse, si les Algériens comptaient vraiment sur la présence d’observateurs européens, c’est bien l’incompétence des autorités, et à leur tête celle du ministère des Affaires étrangères, qui n’ont pas effectué les démarches nécessaires dans le temps voulu. Il est vrai que la venue de ces observateurs est un dossier d’importance et hautement sensible. Cela, dans ce cas précis, renseigne sur le caractère professionnel de l’administration de ce ministère qui donne des leçons de diplomatie à la terre entière.

Enfin, l’Union européenne aurait pu, malgré tout, envoyer au moins quelques observateurs si elle s’était réellement sentie encouragée. Mais rien ne dit que l’Union goûte l’attitude d’Alger. Ainsi ses recommandations de 2012 sur le fichier électoral et la transparence du processus n’ont jamais été appliquées par Alger et sont restées lettre morte.

Ainsi une formule, « les élections à l’algérienne », a longtemps fait la fortune des observateurs réellement indépendants à propos des scrutins du pays. Il est vrai que lors du dernier galop présidentiel en 2009, le candidat Bouteflika avait obtenu plus de 90%. Un vrai score de « démocratie populaire » à l’ancienne.

En attendant, l’Union européenne ne tient donc pas à cautionner une nouvelle mascarade électorale. L’Algérie devra alors se contenter d’observateurs de la Ligue arabe, de l’Union africaine et de l’Organisation de la coopération islamique. Tous de grands démocrates depuis des décennies, comme chacun sait.

 


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