Dernier meeting de Benflis : « La fraude est une ligne rouge. Je ne vais pas me taire »

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Ali Benflis a choisi Rouiba, grande zone industrielle à l’est d’Alger, pour animer son ultime meeting électoral. L’ancien Premier ministre, considéré comme le principal rival du président-candidat, fait son apparition à 17h50 dans une salle omnisport archicomble qui l’accueille avec des slogans comme « ulach smah ulach », « Imazighen, Imazighen », « Djeich, Chaab maak ya Benflis »…

Ali Benflis entame son meeting en lançant un message à toutes les parties impliquées dans l’organisation du scrutin présidentiel, les appelant à protéger la légitimité durant le vote. Avant de s’attaquer à son principal adversaire, le président Bouteflika : « Aujourd’hui, encore une fois, les partisans du statu quo persistent dans leur projet qui vise à enterrer tous les espaces de liberté et à poursuivre la dilapidation des biens publics et la violation de la volonté populaire afin de faire perdurer l’impunité ».

« Ceux qui sont habitués à la fraude pensent qu’ils pourront reproduire le même scénario. Faux. La fraude est une ligne rouge. Je ne vais pas me taire », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Ceux qui recourront à la fraude assumeront les conséquences (…) J’ai une armada de 60 000 observateurs ».

Puis il dénonce un gouvernement qui s’est transformé en comité de soutien au président-candidat, selon lui. « Quelle honte ! Le gouvernement s’est transformé en comité de soutien ». Ali Benflis renouvelle ses craintes concernant la fraude pour privilégier le président sortant. « Le système, gagné par l’arrogance, veut spolier les voix du peuple et consacrer le mandat à vie ».

À ses détracteurs qui l’accusent de chercher à diviser, il cite l’exemple de Ghardaïa « On m’a accusé d’alimenter la fitna à Ghardaïa. Est-ce normal ?  Dans cette wilaya, j’ai été merveilleusement accueilli. Je n’avais pas besoin d’escorte ! ». Avant de poursuivre : « A Ghardaïa, en toute légitimité, les citoyens avaient revendiqué leur droit au travail (…). Mais le gouvernement manque de clairvoyance.  Dès le début, on a accusé la main de l’étranger. Et hier, on a dit que c’était moi ».

« Les masques sont tombés. Des partisans d’un candidat pris de panique par la réussite de mes meetings et ma popularité s’agitent. Leur candidat a transgressé la Constitution et les lois de la République, hier », a-t-il dit en référence aux déclarations du président Bouteflika en présence du ministre espagnol des Affaires étrangères.

Ali Benflis critique ensuite des parties qui « tentent sciemment d’impliquer l’armée dans la bataille électorale ».  Ce qui vient à contre-courant de la position officielle exprimée par le général Gaid Salah qui a affirmé la neutralité de cette institution, souligne le candidat. Ce qui « porte atteinte à l’image de l’armée et à sa crédibilité. Une armée dont le rôle est clairement défini par la Constitution ». « L’armée a son état-major et ses structures capables d’exprimer son opinion et ils l’ont fait », a-t-il ajouté. « La neutralité de l’armée est une garantie pour la promotion de la démocratie et préserver la stabilité dans le pays », a-t-il ajouté.

« Je suis et je demeure avec ceux qui défendent la stabilité du pays. Mais pour atteindre cet objectif l’armée ne doit pas être impliquée dans cette campagne. L’armée a besoin de stabilité », a encore dit le candidat. « Personne n’a le droit de se placer en tant que porte-parole de l’armée », a-t-il ajouté, en allusion aux déclarations de Abdelmalek Sellal ce matin à la Coupole sur l’armée et les forces de sécurité. Pour Ali Benflis, « l’armée a affiché son engagement à protéger la démocratie ».

Ali Benflis répond ensuite à ses détracteurs : « Je ne me laisserai pas traîner dans cette campagne d’insultes ». « Je n’ai jamais cité un seul nom depuis le début de la campagne et je ne le ferai pas. L’Etat ne se gère pas avec les insultes et les plaisanteries », a-t-il dit.

Le candidat dénonce ensuite « des institutions marginalisées. Un Parlement qui n’existe pas. Une presse bâillonnée.  C’est la Corée du Nord. Où va-t-on comme ça ? ». « Moi j’ai compris les jeunes. Ils veulent vivre pleinement leur amazighité et leur liberté ! »

 


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