Benflis répond à Bouteflika : « Je n’ai pas menacé les walis »

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À deux jours de l’élection présidentielle, le candidat Ali Benflis a animé, ce mardi 15 avril, une conférence de presse dans son quartier général à Ben Aknoun sur les hauteurs d’Alger. Il a répondu aux accusations du président-candidat Abdelaziz Bouteflika qui l’a accusé, samedi dernier, sans le nommer, de « terrorisme ».

« J’ai ressenti durant la campagne une volonté de changement. La presse qui m’a accompagné et les citoyens sont les témoins d’une campagne qui s’est déroulée dans un climat de paix et de sécurité », a indiqué M. Benflis qui a critiqué le discours de Bouteflika, prononcé samedi dernier devant le ministre espagnol des Affaires étrangères où il l’avait traité de « terrorisme ».

« C’est une honte »

« C’est une honte. L’élection d’un président est une affaire interne. Elle ne concerne aucun pays étranger. Notre peuple ne peut pas accepter cela. Peu importe si le Président ait dit cela avec ou contre sa volonté », a poursuivi Benflis qui est revenu sur les accusations de terrorisme lancées contre lui par le président Bouteflika lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie espagnol. « On m’a accusé de terrorisme. Moi je n’ai pas fait de traversée du désert. Pendant dix ans, j’avais fait la traversée de l’Algérie. Ces accusations infondées sont la preuve que la peur et l’incertitude ont gagné l’autre camp qui milite pour l’héritage du règne sur le pays », a-t-il estimé, tout en affirmant son engagement en tant que candidat et responsable de préserver la paix et la sécurité dans le pays.

« Je ne vais pas me taire »

Mais en cas de fraude, Benflis promet de réagir. « En cas de fraude, je ne me tairai pas », a-t-il réaffirmé, mais Benflis a refusé de commenter le communiqué de l’ANP qui a réitéré son engagement à sécuriser le scrutin présidentiel. « Je n’ai pas à commenter le communiqué de l’armée ». Pour lui, l’ANP s’est engagée à « rester neutre ». « Quel intérêt, pour l’armée, que cette élection ne soit pas neutre ? Au contraire, elle a tout intérêt à ce que ces élections se déroulent dans la transparence et la neutralité », a-t-il estimé.

Ali Benflis a également commenté l’absence du Président-candidat lors de la campagne électorale. « On dit qu’il est malade et qu’il ne pourra pas animer des meetings », a-t-il répondu.

Benflis a assuré que, s’il est élu, il gardera de l’estime envers tous les présidents de l’Algérie. Il a indiqué aussi qu’il détenait un passeport diplomatique, en tant qu’ancien ministre de la Justice. « Récemment, le Président avait amendé la loi pour permettre à ses frères d’avoir un passeport diplomatique », a-t-il ajouté. Le candidat à la présidentielle a mis en garde contre la fraude et assuré qu’il ne prépare aucune révolte. « Oui, je ne me tairai pas en cas de fraude. Je serai aux côtés des millions d’Algériens qui me soutiennent. À ceux qui disent que Benflis prépare une révolte, je dirai que la stabilité est ma devise ». « J’ai une armée de 60 000 surveillants. Des personnes armées par leur conviction. Ils surveilleront les urnes de près et ne les quitteront pas », a-t-il promis.

« Pas de violence en cas de défaite »

Sur ses chances de gagner, M. Benflis affirme qu’il « n’est sûr de rien, mais qu’il reste serein ». Il a appelé ses partisans à éviter la violence en cas de défaite. « La mobilisation en cas de défaite sera pacifique. Ne jamais avoir recours à la violence, mais je ne vais pas me taire », a-t-il insisté. « Après le 17 avril, en cas de défaite, je resterai sur la scène politique. Je prends part à cette élection pour ne pas leur laisser la scène à eux seuls. Pour ne pas les laisser jouer seuls »

Les attaques contre le DRS anormales

Interrogé sur les attaques d’Amar Saâdani contre le chef du DRS, le général Toufik, Ali Benflis a trouvé « anormal que le premier responsable d’un grand parti comme le FLN s’attaque à l’armée. L’institution a besoin de stabilité. Celui qui s’attaque à cette institution n’a pas la culture de l’État ». « L’armée est la colonne vertébrale du pays », a-t-il dit.

« Je n’ai pas menacé les walis. J’ai dit simplement, protégez vos enfants », a expliqué M. Benflis en réponse aux accusations de Bouteflika qui lui a reproché d’avoir menacé les walis et les autorités locales en cas de fraude, lors de son interview à l’ENTV. « Les enfants n’accepteront pas la fraude. Pourquoi semer le doute dans les familles. Sauvez vos enfants plutôt et non pas protégez vos enfants », a-t-il précisé, en accusant l’ENTV de l’avoir censuré. « Ce n’est pas une menace, mais un conseil. Ne fraudez pas parce que vos enfants qui sont les enfants de la démocratie seront les premiers à refuser cette fraude », a dit Benflis, en expliquant que « le Président n’a pas été bien informé sur cette déclaration vu son état de santé ».

Le candidat malheureux à la présidentielle de 2004 pense que « le doute a gagné » les partisans de Bouteflika.


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