La visite de John Kerry suscite critiques et sollicitations des opposants algériens

John Kerry speaking in London

John Kerry a entamé ce mercredi 2 avril une visite de deux jours en Algérie. La venue du secrétaire d’État américain en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril suscite des critiques, des mises en garde et des sollicitations au sein de la classe politique algérienne.

Dans un communiqué rendu public ce mercredi 2 avril, le parti islamiste Ennahda évoque « un manque de sagesse et d’élégance diplomatique ». Pour lui,  cette visite, qui intervient dans un contexte électoral, « approfondit le doute quant à l’intégrité du processus (électoral) à travers un chantage exercé pour des intérêts stratégiques, dont l’obtention de contrats économiques et la construction de bases militaires sous l’autorité de l’Africom au détriment de l’Algérie en particulier et de la région du Sahel en général ». Ennahda ajoute que « tirer sa force de l’étranger pour régler un différend entre les Algériens ne peut servir les intérêts supérieurs de la Nation et engage la souveraineté et la stabilité du pays ».

Le patron du Front pour la justice et la démocratie (FJD), Abdallah Djaballah, estime également que le timing de cette visite constitue « une source de suspicions ». Cette visite « ouvre la porte des interprétations qui pourraient être justes ou fausses », explique-t-il.

Dans une lettre publiée adressée hier en fin de soirée à TSA, le candidat à la candidature de la présidentielle Mohand Tahar Yala appelle John Kerry à « ne pas donner une caution morale à une élection basée sur la fraude, au profit du président-candidat handicapé et absent, lui-même pris en otage par un groupe qui gouverne le pays par procuration depuis maintenant une année ». « Nous espérons ainsi qu’une telle position de votre part puisse contribuer à faire comprendre à ces dirigeants que leur intérêt est de respecter le choix souverain du peuple algérien dans sa volonté d’organiser la transition démocratique de son système de gouvernance », écrit le général à la retraite, qui s’est retiré de la course, faute de parrainages suffisants.

Un autre exclu de la course au Palais d’El Mouradia, Ali Benouari, qui a rallié le candidat Ali Benflis, a adressé hier mardi une lettre au président Barack Obama où il appelle les puissances occidentales et l’ONU à « encourager l’avènement d’un régime démocratique en Algérie ». « La communauté́ internationale a les moyens de faire respecter le choix que les Algériens feront le 17 avril 2014 », pense M. Benouari, qui plaide pour des « pressions à caractère dissuasif » pouvant être décidées rapidement, dont « l’interdiction de voyager pour les dirigeants et leurs familles ainsi que le gel de leurs avoirs ».

« Ce type de solidarité́ active, en amont des conflits internes, est à privilégier car pouvant éviter à la communauté́ internationale d’avoir à intervenir « à chaud » pour empêcher que ces conflits ne se transforment en guerres civiles susceptibles de déborder de leur cadre national », a-t-il souligné. Pour lui, « il ne s’agit pas d’ingérence, mais de responsabilités à assumer dans la défense de valeurs et d’intérêts communs ».

 


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