Autoroute Est-Ouest : quatre choses à savoir sur le procès

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Le procès de l’autoroute Est-Ouest s’ouvre demain mercredi 25 mars, au tribunal criminel d’Alger. Mais que renferme exactement le dossier ? Qui sont les principaux prévenus ? Les chefs d’inculpation retenus contre eux ? etc. TSA a interrogé plusieurs acteurs du dossier.

De quoi s’agit-il ?

Le scandale de l’autoroute Est-Ouest a éclaté en 2009. L’enquête préliminaire a été menée par les services judiciaires du DRS – dissout en 2013. Le dossier est principalement basé sur des faits de corruption présumés qui se sont déroulés à partir de 2007. Il ne porte donc pas sur les conditions d’attribution du marché de l’autoroute aux deux groupements Citic-CRCC (Chine) et Cojaal (Japon).

Plusieurs chefs d’inculpation sont retenus contre les différents protagonistes. Parmi eux : constitution d’association de malfaiteurs, trafic d’influence, corruption, blanchiment d’argent et dilapidation de deniers publics, etc.

« En fait, il n’y a pas eu d’instruction mais des interrogatoires basés sur le rapport de la police judiciaire du DRS », explique toutefois un avocat de la défense.

 Qui sont les prévenus ?

Vingt-trois prévenus sont appelés à comparaître devant le tribunal criminel : seize personnes et sept groupes et entreprises étrangères.

Parmi eux figurent : Medjdoub Chani (un homme d’affaires et intermédiaire, actuellement détenu dans une autre affaire de corruption), Sid Ahmed Tadjddine Addou (homme d’affaires, actuellement détenu), l’ex-responsable de la direction des nouveaux projets de l’Agence nationale des autoroutes (Ana) Mohamed Khelladi (détenu), l’ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics, Mohamed Bouchama (en liberté provisoire) et l’ex-officier du DRS Mohamed Ouzzene dit le colonel Khaled (en liberté provisoire).

Parmi les entreprises figurent les deux consortiums chinois et japonais (CITIC-CRCC et COJAAL), un groupe canadien SMI NC et un groupe portugais Coba. Deux personnes sont en fuite : Tayeb Kouidri et Kheïr Allab.

Aucune plainte n’a été déposée et aucune partie civile ne s’est encore constituée, selon Me Amine Sidhoum, dans le cadre de cette affaire.

Qui est le principal accusé ?

Homme d’affaires algéro-luxembourgeois, Medjdoub Chani est le principal accusé dans ce dossier. Ses avocats contestent les accusations. « Selon le dossier judiciaire, les services de la police judiciaire du Département de renseignement et de sécurité (DRS) ont rédigé un PV dans lequel il est indiqué que sur la base d’informations sûres parvenues à leurs services, il existait une relation suspecte liant le dénommé Chani Medjdoub au groupe chinois CITIC-CRCC », souligne un de ses avocats. « On a volontairement dénaturé sa relation avec le groupe chinois », assure un autre avocat qui rappelle que Medjdoub Chani était un conseiller financier du CITIC-CRCC. Ils contestent également les méthodes utilisées par le DRS : « On l’accuse de corruption sur la base d’un PV qu’il a signé sous la contrainte au niveau de la police judiciaire et où il était question de dix millions de dinars remis au secrétaire général du ministère des Travaux publics », précise un autre avocat.

Chani Medjdoub a été arrêté le 16 septembre à l’aéroport international d’Alger, par des officiers du DRS. « Ils l’ont emmené (le 17 septembre) vers un endroit (secret) où il est resté près de 20 jours en garde à vue », indique Me Amine Sidhoum. « Dans les documents, il est mentionné que M. Chani a été arrêté le 28 septembre et présenté devant le Procureur le 6 octobre (après minuit). Dans les documents, on ne retrouve pas une trace d’une autorisation de prolongation de la garde à vue (qui doit être délivrée par le Parquet, NDLR) », assure un autre avocat de Medjdoub Chani.

Qui sont les personnalités clés qui ne sont pas prévenues ni citées comme témoins ?

A cette question, les avocats de la défense répondent : « Il faut poser la question au juge d’instruction », disent-ils sur un ton ironique avant de citer certains noms. Le premier est celui d’ Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics qui est aujourd’hui en charge des Transports. « Quelles est l’autorité d’exécution dans le suivi d’un projet aussi important que l’autoroute Est-Ouest ? Il est évident que c’est un personnage important dans cette affaire », lance un des avocats de la défense.

Un questionnaire de 35 questions formulées par des avocats de la défense lui avait été adressé. Amar Ghoul a répondu. Mais le ministre n’est pas cité comme témoin dans l’affaire.

Le deuxième nom est celui du général Hassan, haut officier du DRS. Dans une confrontation avec Medjdoub Chani, Mohamed Khalledi, ex-responsable de la direction des nouveaux projets de l’Agence nationale des autoroutes (Ana), avait évoqué son nom. M. Khalledi parlait d’un voyage privé à Pékin qui lui a été payé notamment par Sid Ahmed Tadjddine et au cours duquel il avait réalisé une « enquête » dont le rapport a été remis au « général ‘H’ ». Dans le dossier, son nom ne figure ni en tant que prévenu, ni en tant que témoin.


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