PORTRAITS DE FEMMES. Asma Oussedik : un médecin dévoué à ses patients autistes

asma oussedik

Huit femmes, huit histoires et huit messages… À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, TSA vous propose, depuis dimanche 1er mars, une série de huit portraits d’Algériennes qui ne font pas forcément la Une des médias. Dernier portrait.

À bientôt 53 ans, le docteur Asma Oussedik née Reheb, mariée et mère de deux enfants, occupe la fonction de Chef de service de pédopsychiatrie par intérim à l’hôpital de Cheraga à l’ouest d’Alger.

Très tôt attirée par la psychologie infantile, elle ouvre d’abord une consultation d’enfant à Cheraga dans des conditions difficiles. Les locaux ne sont pas conformes et adaptés à la réception des patients.

Pourtant, elles sont quatre femmes à commencer cette aventure. Asma y travaille dix mois puis part à Paris pour étudier la psychiatrie de l’enfant. Nous sommes alors en 1993. Dans l’avion en partance pour la France figurent à ses côtés quatre autres algériens qui étudient la même spécialité. L’instabilité politique et la situation sécuritaire algérienne aidant, Asma Oussedik sera la seule personne du groupe à rentrer en Algérie quelques années plus tard.

Après avoir exercée en psychiatrie de l’adulte dans la région d’Annecy (est de la France) elle revient au pays à l’été 1997 et ouvre un hôpital de jour à Bouchaoui pour les enfants autistes. Elle commence avec de petites équipes que ses collègues et elle doivent recruter et former. Des études sont continuellement menées pour apprendre à travailler avec les enfants. Le centre compte, aujourd’hui, quarante professionnels qui s’occupent d’une trentaine de patients.

La Chef de service intérim qui est très attachée à son activité est ensuite confrontée à une décision qu’elle trouve absurde. En juin 2014, un nouveau Chef  de Service de Pédopsychiatrie est désigné pour la remplacer. Le médecin fraichement nommé est un maître de Conférences « qui n’a jamais exercé dans un Service de pédopsychiatrie », explique Asma. Hors de question pour celle qui s’est autant battue pour les autistes de les laisser entre les mains d’un médecin qui ne pratique pas la pédopsychiatrie.

La professionnelle s’insurge en soulignant que la psychiatrie infantile est une pratique à part. Désormais, un autre combat commence. Elle est soutenue par différents centres du pays spécialisés en pédopsychiatrie et qui observent plusieurs semaines de grève pour obtenir le gel de la décision. Le Maître de conférences n’a toujours pas pris ses fonctions mais la décision reste en suspens.

Son objectif global consiste à améliorer la prise en charge des enfants autistes. « L’Algérie compte un enfant autiste sur 150 » nous explique le médecin, et « chaque structure peut prendre au maximum une trentaine d’enfants ». Dans son centre qui prend en charge l’ouest d’Alger la demande est énorme. Les enfants doivent venir tous les jours ou au pire deux à trois fois par semaine précise Dr Oussedik. « Ce sont des soins au quotidien, on fonctionne un peu comme une école les parents posent les enfants le matin et les récupère le soir ». D’où l’importance d’avoir des centres qui couvrent l’ensemble du pays et facilitent ainsi la vie des parents.

Dans son centre « l’équipe est entièrement féminine » révèle Asma. « C’est dommage qu’il n’y ait pas de garçon dans l’équipe. Vous savez, les enfants ont besoin de référence masculine et féminine pour grandir ». Celle qui souhaite créer des équipes mixtes, souligne que les candidatures masculines pour venir travailler en pédopsychiatrie sont très rares.

Pour elle, la pédopsychiatrie est plus qu’un travail, c’est un véritable combat. À propos de ses propres enfants, aujourd’hui adultes, elle indique les avoir sensibilisé très tôt à la psychiatrie infantile, particulièrement à la question de l’autisme. « Ils donnaient leurs jouets aux enfants de l’hôpital de jour et ils m’aidaient à taper mes communiqués, donc ils peuvent très bien parler de cette maladie».

Et sur la place de la femme dans société ? « La journée internationale de la femme est un concept plutôt réducteur », affirme Asma Oussedik. Si cet évènement est une réelle occasion de parler des droits des femmes, le débat doit être journalier.

Son message pour les femmes algériennes : « La femme algérienne doit se faire sa place toute seule. On ne nous donne ni nous offre rien dans la vie. Chacune d’entre nous atteint son but en s’imposant et en travaillant que ce soit dans la vie professionnelle ou personnelle. On milite avec humilité pour recevoir ce qu’on a. La femme algérienne ne doit pas attendre que ses droits lui tombent du ciel ».


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