PORTRAITS DE FEMMES. Lamia…un combat et des sacrifices

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Huit femmes, huit histoires et huit messages… À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, TSA vous propose, depuis dimanche 1er mars, une série de huit portraits d’Algériennes qui ne font pas forcément la Une des médias. Quatrième portrait.

Une femme qui s’apprête à avoir des enfants s’attend à faire beaucoup de sacrifices. Mais pour Lamia, 40 ans et mère de trois enfants, la notion de sacrifice porte un tout autre sens. Elle fait partie de celles qui se dévouent intégralement et mettent leur vie au second plan quand il s’agit de choisir entre son propre foyer et le bien être de sa progéniture.

Pour cette femme, le choix s’est fait sans hésitation ni regret. Alors, enceinte de son troisième enfant, une nouvelle tombe, bouleversant la vie d’une famille on ne peut plus tranquille. L’échographie du quatrième mois de grossesse, moment tant attendu pour beaucoup de mamans puisque elles peuvent connaitre le sexe de leur enfant, s’est transformée en cauchemar. « Votre bébé ne sera pas un enfant normal. Il a une malformation », lui révèle la gynécologue.

Comme si la nouvelle ne suffisait pas, son mari lui lance un ultimatum le jour même : l’avortement ou le divorce. Lamia n’hésite pas une seconde. « Il était hors de question que je renonce à mon enfant. Il n’a pas choisi d’être différent. Je l’aimais plus que tout, rien ne comptait à ce moment plus que lui ». Le visage de la quarantenaire s’illumine dès qu’elle parle de Mahmoud, âgé maintenant de 10 ans.

Son combat commence dès la seconde où le médecin lui annonce la nouvelle. Avec deux filles en bas âge et un enfant à venir, elle se trouve dans l’obligation de repartir vivre chez ses parents. « Ils sont vieux et ont peu de moyens, mais ils m’ont accueillie à bras ouverts », dit-elle. Celle qui vit dans le quartier populaire de Bab El Oued ne peut pas reprendre une activité professionnelle.

Souffrant de nanisme (trouble de la croissance qui entraîne une petite taille) son fils fait face à plusieurs complications liées à sa maladie et nécessite une attention continue. Lamia passe de longs mois à l’hôpital à son chevet, mais ce n’est pas pour autant qu’elle néglige ses deux filles âgées aujourd’hui de 12 et 14 ans. « J’arrive à accorder du temps à mes trois enfants même si ce n’est pas facile. L’aînée a quelques problèmes psychologiques, elle n’arrive toujours pas à accepter que son père nous ait mis dehors mais elle se remet petit à petit. Elle est suivie par un psychologue », explique-t-elle

Passant d’une association à une autre, Lamia frappe à toutes les portes pour réunir les 44 000 euros indispensables à l’opération chirurgicale que doit subir son fils en France. « Certains croient que je suis folle, que je ne réussirai jamais à avoir cette somme. D’autres pensent que je fais du commerce avec mon fils. Peu importe ce que les gens pensent, mon fils sera sauvé, j’y crois dur comme fer et je ferai tout pour y arriver ». Pour le moment, Lamia est parvenue à réunir 7000 euros. Si l’objectif reste difficile à atteindre, la maman est déterminée à aller jusqu’au bout.

En plus de ses enfants, Lamia doit porter sur ses épaules le fardeau de la femme divorcée. Certains hommes profitent de la situation. « Ils considèrent que ma situation me pousserait à tout faire. J’ai reçu des propositions indécentes pour des sommes d’argent qui sont parfois faramineuses. Je veux sauver mon fils mais pas au dépend de mes principes » insiste fortement la mère de famille.

Le message de Lamia aux femmes algériennes : « Restez attachées à vos principes. Battez-vous. Peu importe la souffrance, prenez le temps de regarder le visage de vos enfants avant de dormir, cela vous donnera une raison de vivre».


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