Mouloud Hamrouche replonge dans le silence

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La contestation qui monte contre le gaz de schiste, impasse politique, absence du président Bouteflika, chute des prix du pétrole, recul des revenus de l’Etat… Depuis quelques semaines, l’Algérie est en ébullition. Partis du pouvoir et opposition s’affrontent. Les leaders de l’opposition sont même descendus dans la rue à Alger, mardi dernier, pour une marche.

Dans cette agitation, une voix s’est brusquement éteinte. Il s’agit de Mouloud Hamrouche, ancien chef du gouvernement qui avait marqué son retour sur la scène politique à la veille des élections présidentielles d’avril dernier.

Un silence soigneusement entretenu

Où est donc passé Hamrouche ? L’homme n’a pas pris la parole depuis plusieurs semaines. Il a même annulé des rencontres programmées dans quelques wilayas. C’est dire que le recul est prémédité et le silence est soigneusement entretenu.

Hamrouche n’a-t-il rien à dire aux Algériens dans ce contexte particulier et difficile ? « Nous sommes comme tous les Algériens dans la confusion », avoue un proche de l’ancien chef du gouvernement. Notre source assure que « M. Hamrouche suit de très près la situation dans le pays ». Mais il attend « de rassembler les éléments nécessaires avant de s’exprimer ».

Des arguments peu convaincants. À In Salah, la situation, est en passe d’échapper au contrôle aussi bien des animateurs du mouvement que de l’Etat. La ligne rouge a été franchie après les premières confrontations entre manifestants et gendarmes, hier non loin du forage géré par la compagnie Halliburton. Un tournant suffisamment grave pour amener n’importe quel acteur politique à sortir de son silence. Or, Hamrouche n’a rien dit. D’ailleurs on ne connaît rien de sa position concernant le gaz de schiste. Plusieurs anciens chefs de gouvernement, comme Ghozali, Benflis ou Sifi, se sont exprimés sur le sujet.

Des distances avec l’opposition

En juin 2014, Mouloud Hamrouche prenait part à la Conférence pour la transition politique, laissant l’impression qu’il avait définitivement choisi son camp politique. Une illusion éphémère. L’ancien chef du gouvernement a rapidement pris ses distances avec la CNTD, au point de ne pas réagir face à la manière musclée choisie par les autorités pour empêcher les leaders des partis de l’opposition de manifester à Alger contre le gaz de schiste.

Hamrouche qui a dit non à la CNTD a également tourné le dos au FFS et à son initiative du Consensus national. Pourtant, les orientations politiques des deux parties convergent sur plusieurs points.

Il faut dire que l’ancien chef du gouvernement n’a jamais improvisé ses positions. Il n’a pas non plus la réputation d’un homme politique trop bavard. Il a jusqu’ici mesuré ses déclarations, parfaitement calculé ses sorties et très souvent ciblé ses messages. Il a surtout cet avantage, de par les postes qu’il a occupés et ses relations avec les différentes institutions de l’Etat d’être un peu mieux informé que l’opposition sur les enjeux politiques de l’heure. Son silence actuel pourrait expliquer beaucoup de choses qui se trameraient au sommet de l’Etat.


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