Alors que les Algériens se concentraient sur la CAN et savouraient les matches, portés par le rêve d’un sacre continental, le pouvoir continuait sa supercherie. Il annonçait tantôt un changement de gouvernement, tantôt une révision de la Constitution, tout en essayant de berner la population du Sud vivement remontée contre l’exploitation du gaz de schiste.
La contrepartie offerte par le gouvernement serait un nouveau découpage administratif alors que cela ne résoudrait en rien leur mal de vivre. Ces pratiques prouvent encore une fois les subterfuges largement utilisés pour monopoliser le pouvoir, garder en « otage » le Président, le gouvernement, le conseil constitutionnel, le système judiciaire, le parlement, l’UGTA, et le patronat, en attendant d’avoir raison de l’armée de manière à l’effacer complètement du champ de vision si cela leur était permis.
Quand je parle de prise d’otage, je fais référence à la mainmise des sbires du Président sur toutes les positions clés, afin de vider les institutions et les entreprises de leur contenu et de leur richesse pour pouvoir se consacrer pleinement à l’entière destruction des ressources et de l’avenir de l’Algérie post-Bouteflika. Ce cercle présidentiel fait perdurer l’achat des âmes et la paix sociale au prix fort, pour qu’ils puissent maintenir leur main basse sur l’Algérie afin de la transformer en propriété privée.
Les proches manipulateurs et opportunistes du Président ont violé la volonté populaire au cours des différentes échéances électorales. Le même sort a été réservé aux institutions de l’État et au Président qui est devenu leur marionnette. Aucun autre système ou régime moderne ne peut se targuer de faire mieux.
Le Président et ses proches ont transformé le conseil constitutionnel, la cour des comptes et la cour suprême, en systèmes affaiblis et défaillants. Aujourd’hui, ces institutions sont incapables de résoudre les nombreuses affaires de corruption concernant, par exemple, la Sonatrach, la Sonelgaz, l’autoroute est-ouest, le métro, les fonds alloués à l’agriculture et autres scandales retentissants de l’ère Bouteflika.
De part cette déstabilisation, les ministres sont dès lors incapables de prendre des décisions ou d’entreprendre des initiatives. Ils n’osent même plus faire part de leurs opinions. Le parlement n’est pas en reste. Ce dernier devient l’arrière-boutique où les lois, au lieu d’être débattues et discutées, sont juste imprimées.
Le Président et son entourage ont détruit le patronat en nommant leur Premier ministre. Ce dernier, d’ailleurs très proche du « cercle présidentiel », se permet de réunir le gouvernement, d’accueillir les ambassadeurs et va même jusqu’à annoncer des décisions stratégiques qui vont être prises par l’État.
Le groupe s’est approprié le FLN qui est devenu par la force des choses une structure sans âme ni esprit. Toutes les compétences et les personnalités ont été écartées pour leur rejet d’un quatrième mandat. Le FLN applaudit l’échec et vote des lois qui affaiblissent le pays et ses institutions. Ces affidés se sont même permis d’impliquer le FFS dans le projet de l’initiative de consensus national, qui vise à gagner du temps et égarer la population.
Dernièrement, l’UGTA s’est également pliée à cette force sournoise. Par le passé, ce fut aussi le cas d’autres organisations et institutions politiques qui ont été impliquées afin de faire passer des projets diaboliques visant à mettre l’Algérie sous les pieds de groupes d’intérêts qui n’ont aucune considération pour la volonté populaire et sa soif de changement.
L’institution militaire n’est pas en reste. Elle en pâtit également à travers les nombreuses tentatives visant sa destruction et sa mise au pas. La finalité pour ces prédateurs est de se consacrer pleinement aux affaires de l’État, dans un scenario où le renseignement viendrait à disparaître et avec lui toutes les preuves de malversations, de corruptions et de perfidies, qui ouvrirait la voie vers la dictature « made in El Mouradia»…
Ce feuilleton est diffusé avec l’objectif d’abrutir le peuple. Mais le pouvoir continue de répondre aux réclamations et à la colère de la population avec plus de concessions, de peur de faire échouer l’ambition qui consiste à détruire les institutions et ses hommes, et que ces revendications sociales et professionnelles se transforment en demandes politiques. Celles-ci appelleraient alors au changement radical et réclameraient une coupure complète du système en place qui est basé sur la haine et l’exclusion.