Un an après les attaques de Saadani contre le général Toufik, le flou et l’ambiguïté persistent

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C’était il y a un an. Sa déclaration faisait l’effet d’un séisme. Le 3 février 2014, à la veille des élections présidentielles, le Secrétaire général du FLN, Amar Saadani attaquait le patron du DRS dans un entretien accordé à TSA.

«Au FLN, on veut que le général Toufik cesse de s’immiscer dans les affaires du parti. En fait, lui n’est pas en position de dire oui ou non à la candidature du président Bouteflika à la prochaine présidentielle», lançait le patron du FLN. Le même accusait le général Toufik de s’immiscer dans les affaires des partis et des institutions, appelant à l’établissement d’un vrai Etat civil, dégagé de la mainmise des services de renseignement.

Amar Saadani reprochait aussi au patron du DRS d’avoir failli «à ses missions sécuritaires», notamment à Tiguentourine et avant à Annaba où le président Boudiaf fut assassiné, estimant que Toufik « aurait dû démissionner ».

Conflits au sommet de l’Etat

Cette sortie inattendue du premier responsable du FLN, un parti au pouvoir depuis l’indépendance, allié du président Bouteflika, a rendu la situation encore plus floue et plus ambigüe à quelques semaines des présidentielles. La future candidature du président malade à un quatrième mandat, divisait alors l’opinion publique et les acteurs politiques. La bombe lancée par Saadani a dissipé les derniers doutes sur les conflits éventuels au sommet de l’Etat.

A l’époque, certains observateurs ont inscrit cette sortie dans le sillage des tiraillements entre les clans du pouvoir dans la perspective de la présidentielle. Une sorte de guéguerre entre pro-Bouteflika et anti. En s’attaquant à Toufik, Saadani, présenté comme étant «un proche de Bouteflika», ayant à maintes fois défendu et annoncé la candidature du président sortant, plaçait inéluctablement Toufik dans le camp des adversaires du Président et du quatrième mandat.

Les déclarations d’Amar Saadani ont déclenché plusieurs répliques. Des militaires à la retraite ont pris la parole souvent pour défendre le général Toufik. A l’exception du RCD et un degré moindre le MSP, toutes les formations politiques se sont attaquées au patron du FLN. Ce dernier aurait franchi une ligne rouge en pointant du doigt nommément  le général Toufik. Un an après les déclarations d’Amar Saadani, comment les choses ont évolué ?

 Bouteflika président, Toufik patron du DRS, Saadani patron du FLN

En février 2014, certains analystes misaient sur le départ imminent de l’un des antagonistes, arguant que la scène algérienne ne pouvait contenir qu’un seul des deux hommes. Les faits leur ont donné tort.

Le général Toufik a été maintenu à son poste, bénéficiant même du soutien public d’Abdelaziz Bouteflika dans son message écrit aux Algériens, daté du 24 février. Missive interprétée comme un lâchage en règle d’Amar Saadani par le Président, alors donné partant du FLN. Encore faux. Un an plus tard, Amar Saadani est toujours patron du premier parti de la majorité. Quant à Abdelaziz Bouteflika, il règne encore sur le pays malgré sa maladie. A quoi ont donc servi les tiraillements de l’an passé ?

 Etat civil et redécoupage du DRS

Ce qu’il y a lieu de retenir c’est que le Président, même diminué, a poursuivi son plan de restructuration du DRS. Plusieurs changements ont été opérés, les statuts et les missions de ce département ont été redéfinis. A priori, les choses se font dans le calme.

Toutefois, le DRS n’a pas été totalement écarté de la décision politique puisque plusieurs réunions ont eu lieu récemment entre le Président et le général Toufik, sur des questions strictement politiques telles que la révision de la Constitution.

De son côté, l’institution militaire ne rate aucune occasion d’exprimer son soutien indéfectible au Président, malgré des appels clairs et répétés, de certaines personnalités politiques, telles que l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, à intervenir.

 Politiquement, retour à la case de départ ?

Un an après, le flou et l’ambiguïté persistent, en revanche sur la scène politique, malgré la virulence des échanges entre les acteurs politiques. Les mêmes questions, les mêmes inquiétudes, les mêmes polémiques alimentent la vie politique des Algériens. Qui dirige vraiment le pays ? Quel rôle pour le DRS ? De quoi sera fait l’après Bouteflika ? Autant d’interrogations qui reviennent et qui souvent demeurent sans réponses.

Au FLN, Amar Saadani peine à tenir son congrès. Un an et demi auparavant, c’est le comité central du FLN qui n’avait pu se tenir pour élire un nouveau Secrétaire général du parti. En coulisses, ses contempteurs jurent toujours qu’ils auront sa tête. Sorti par la petite porte du FLN en août dernier, limogé de la présidence, Abdelaziz Belkhadem se place toujours en position d’attaque et soigne ses liens avec les adversaires de Saadani au Comité central.

L’inconnue Ouyahia

Demeure l’inconnue, Ahmed Ouyahia. Chassé par son parti, même si officiellement, il dit avoir démissionné de son plein gré, le commis et adversaire potentiel du Président, est revenu en force durant les présidentielles.

Battant campagne pour Abdelaziz Bouteflika, le voilà propulsé au cabinet de la présidence une fois le scrutin passé. Sa mission : mener les consultations sur la réforme de la Constitution. Sa sortie de l’ombre et sa participation renouée aux activités de son parti, relancent les interrogations sur ses ambitions politiques, même si sa gestion des consultations sur la Constitution ressemble à un échec.


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