ENTRETIEN. Noureddine Kourichi : « Il faut penser dès maintenant à la formation »

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Noureddine Kourichi, ancien international et l’ex-adjoint de Vahid Halilhodzic chez les Verts revient sur le parcours de l’EN durant la CAN 2015 en Guinée Equatoriale. Il parle également de l’avenir de l’équipe, ainsi que de la formation en Algérie.

 Comment analysez-vous le parcours des Verts durant cette CAN ?

On a eu droit à plusieurs facettes de l’équipe. Lors du premier match contre l’Afrique du Sud, on a senti une équipe déterminée dans le premier quart d’heure du jeu qui a bien maîtrisé son sujet. Après, la chaleur et l’humidité ont lourdement handicapé nos joueurs. En deuxième mi-temps, le secteur défensif a quelque peu flanché. L’Equipe nationale était sous pression, elle a eu du mal à supporter son statut de favorite.

En ce qui me concerne, j’ai toujours dit que cette compétition est très difficile à gagner.

Par la suite, on a vu une très bonne équipe d’Algérie lors du match contre le Sénégal. Il fallait garder la même détermination et la même dynamique contre la Côte d’Ivoire, car on avait gagné avec l’art et la manière face aux Sénégalais.

 Peut-on gagner un match quand on encaisse trois buts ?

Il y a sûrement eu un problème. Mais cela ne m’étonne pas, car même durant mon parcours en tant qu’entraîneur adjoint de Vahid Halilhodzic, il y avait des hauts et des bas. On a actuellement un problème sur les coups de pied arrêtés.

Quels sont, selon vous, les joueurs que Christian Gourcuff peut sélectionner pour combler les lacunes défensives ?

Il n’y en a pas. Bon, il y a Essaid Belkalem qui n’a pas disputé la CAN à cause de sa blessure. C’est un très bon joueur, son retour fera beaucoup de bien à la sélection.

C’est vrai qu’on est déçus après l’élimination, mais il ne faut pas tout jeter. Je pense que cette équipe sera prête en 2017, elle sera largement favorite et elle pourra aller loin.

Comme je l’ai déjà souligné, la CAN est une compétition difficile à remporter. Nos binationaux n’ont pas l’habitude de jouer dans des conditions pareilles. Christian Gourcuff va se servir de l’expérience de cette CAN pour préparer les prochaines échéances, car lui aussi il débarque en Afrique. Maintenant, il sait à quoi s’attendre. Généralement, quand on veut gagner la CAN, il faut être plus solides défensivement.

Qu’est-ce qui a manqué aux Algériens durant la CAN ?

C’est au staff technique et surtout à Christian Gourcuff de tirer les leçons de cette participation. Notre équipe est jeune, elle a démontré lors de la dernière Coupe du Monde qu’elle pouvait faire le jeu. Cependant quand on joue une CAN, il faut plutôt être plus présents dans les duels physiques et dans l’agressivité. En deux mots, l’expérience et le réalisme ont manqué à l’Algérie contre la Côte d’Ivoire.

Madjid Bougherra a décidé de mettre fin à sa carrière internationale. Qui pourra prendre sa place de leader du groupe ?

C’est au sélectionneur de choisir un leader, mais Carl Medjani ou Djamel Mesbah peuvent endosser ce rôle. Raïs M’Bolhi aussi, il a une forte personnalité. Les autres sont encore jeunes. Le plus important est qu’il faut se remettre au travail en sachant que 2017, c’est demain. Cette équipe va s’aguerrir davantage et sera encore plus redoutable. Avant la CAN, on a trop attendu de Brahimi et ses camarades. Jouer sous pression n’est pas toujours à votre avantage.

Comment expliquez-vous le manque d’efficacité de nos attaquants ?

Slimani est un joueur qui a manqué à l’équipe, surtout contre la Côte d’Ivoire. Maintenant le sélectionneur doit faire un bilan et en tirer les enseignements. Je sais que le trio Hillel Soudani à gauche, Sofiane Feghouli à droite, avec Islam Slimani en pointe, a toujours été efficace.

Je déplore que Brahimi et Feghouli aient pris des coups pendant cette CAN, car les défenseurs adverses savaient que le danger pouvait venir d’eux. Malheureusement, ils n’étaient pas assez protégés par les arbitres.

Si Fékir et Ghezzal décident de porter le maillot de l’Algérie, apporteront-ils un plus à l’équipe ?

C’est évident que Fékir et le petit Ghezzal seront les bienvenus. Ghezzal est encore jeune, ce qu’il nous faut, ce sont des joueurs plus expérimentés. On n’en est pas encore là, car ce n’est pas sûr qu’ils choisiront l’Algérie, la France met une pression énorme sur eux.

La formation en Algérie est une véritable catastrophe, il y a beaucoup de déperdition. Que préconisez-vous pour remédier à ça ?

À l’heure actuelle, l’Équipe nationale est l’arbre qui cache la forêt. Il y a des joueurs binationaux qui sont fiers de représenter l’Algérie et c’est tant mieux. On a un entraîneur compétent, mais l’homme le plus important dans le football algérien doit être le directeur technique national (DTN). C’est à lui de mettre en place une politique de formation à même de sortir notre football de son marasme.

On est tous en train d’attendre le venue des Fékir et autres Ghezzal, mais on ne fait rien pour développer la formation chez nous. Il faut un DTN compétent pour qu’il puisse mettre en place une politique efficace. Les pouvoirs publics doivent investir dans la formation. Il faut qu’on arrête de donner des centaines de millions par mois à des joueurs médiocres. Il serait plus judicieux d’utiliser cet argent pour construire des centres de formation.

Il y a cinq ans, on a décidé de lancer le professionnalisme en Algérie. Ça a été une bonne décision, mais où sont les centres qu’on a promis aux clubs ? Si on veut récolter, il faut semer d’abord. Malheureusement chez nous, on a mis la charrue avant les bœufs.

 

 

 


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