Sellal veut encourager les entreprises à investir en Afrique, la Banque d’Algérie regarde vers l’Europe

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Abdelmalek Sellal a fait, lors de son passage sur l’ENTV ce mercredi 21 janvier, quelques annonces économiques. Parmi elles, un projet de « séminaire économique Algérie-Afrique pour permettre à nos entreprises d’exporter vers l’Afrique ». C’est le FCE qui en a eu l’idée, a reconnu Sellal. « Je l’ai tout de suite acceptée », a-t-il dit.

L’idée est en effet intéressante. L’Afrique est présentée comme le prochain relais de la croissance mondiale. Les entreprises et les investisseurs européens s’intéressent déjà depuis quelques années, au Continent noir où plusieurs pays enregistrent des croissances très fortes. Tous les secteurs sont concernés par cet engouement. Même les médias européens voient en l’Afrique un relais de croissance pour leur activité, qui connaît un ralentissement dans les pays développés.

Mais « l’idée » de M. Sellal va devoir surmonter un obstacle de taille. En vigueur depuis novembre dernier, le règlement de la Banque d’Algérie autorisant les investissements algériens à l’étranger semble en effet avoir été conçu spécialement pour exclure l’Afrique de la liste des pays autorisés. Selon le règlement, l’investissement doit être réalisé dans un pays « qui est transparent sur le régime fiscal, dont la législation n’empoche pas l’échange d’informations et qui coopère avec les autres États en matière judiciaire et fiscale ». Or, la majorité des pays africains, à commencer par l’Algérie elle-même, ne répond pas à ces critères.

Ces critères sont en effet propres aux pays développés. Tel qu’il est rédigé, le règlement de la Banque d’Algérie limite les investissements aux pays de l’OCDE. Or, ces pays ne présentent aucun intérêt en matière d’investissements. La croissance y est faible, les prélèvements sociaux souvent très importants et les taux d’imposition dissuasifs.

L’annonce de M. Sellal intervient au lendemain de l’annonce de la volonté de l’Algérie de redéployer sa diplomatie, pour se renforcer en Afrique et donner la priorité à l’économie. Mais encore une fois on assiste à une incohérence au sommet de l’Etat. Pendant que le gouvernement et le FCE regardent à juste titre vers l’Afrique, la Banque d’Algérie limite le champ d’intervention de nos entreprises aux seuls pays européens. Autant dire que le projet africain de Sellal est voué à l’échec.


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