Avoir un cancer lorsqu’on est jeune : un double combat, témoignages !

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Le dépistage du cancer du sein est conseillé aux femmes de plus de 40 ans, mais les grandes oubliée,s ce sont les jeunes femmes. Elles sont de plus en plus nombreuses à être touchées par la maladie. Un lourd fardeau à porter. En plus de la souffrance physique et psychique, ces jeunes filles sont obligées de porter le poids du tabou et de la société.

 Le tabou plus dur que la maladie

« Avoir un cancer du sein alors que l’on a juste 23 ans est un calvaire », nous dit Mériem. La jeune fille découvre qu’elle est atteinte de la maladie depuis huit mois. « Je ne me suis jamais imaginée que cela pouvait m’arriver », murmure-t-elle entre deux sanglots. À force d’entendre que cela n’arrive qu’aux femmes mariées et âgées, la jeune fille ne s’est jamais doutée qu’elle pourrait être touchée. « Un jour, je découvre que j’ai un kyste. J’attends que cela disparaisse. En vain. Cela ne m’inquiète pas car le cancer pour moi ne touche que les femmes âgées ».  Au bout de quelques semaines, elle décide de prévenir sa mère. « Mes parents ont tout de suite pris les choses au sérieux », dit-elle. Cette étudiante en biologie est très documentée sur la maladie. « Je ne me suis pas paniquée, j’essaie de me rassurer », dit-elle. Le plus difficile pour la jeune fille qui habite un village de la wilaya de Tizi-Ouzou est le regard des autres. « On dirait que je suis un extraterrestre. L’annonce de ma maladie a fusé dans tous les visages. Depuis, tout a basculé ». Entre les personnes qui l’évitent et d’autres qui en pâtissent, la jeune fille est mal dans sa peau. « Il m’arrive de penser à partir pour ne plus revenir. Peu importe où. L’essentiel est de fuir tous ces regards et ces jugements ».

La transformation physique de Meriem n’est pas passée inaperçue. Sa longue chevelure a laissé place à un crâne chauve que la jeune fille essaie, tant bien que mal, de dissimuler sous un bonnet ou un chapeau. La fatigue se lit sur son visage et ses yeux pétillants se sont transformés en regard perdu. « La chimiothérapie me fatigue beaucoup », dit-elle avec une petite voix. « En plus de la douleur physique, je ressens une douleur insoutenable. Il est difficile de voir tous les gens qui sont autour de toi changer », soupire-t-elle. La seule chose qui réconforte Meriem est que ses parents la soutiennent et l’entourent. « Le regard des autres est dur, mais tant que ma famille me soutient, tout va bien », lance-t-elle avec le sourire.

« Ta maladie est Aib ! »

Lynda n’a pas eu la chance d’être autant soutenue. À 21 ans, elle découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. « Dès que j’ai suspecté quelque chose, j’en ai parlé à une copine », nous raconte-t-elle. La jeune fille s’est par la suite rendue chez le gynécologue sans informer ses parents. « Lorsque j’ai fait les examens qu’il fallait, le verdict est tombé : j’ai un cancer ». L’annonce bouleverse la jeune fille. « J’ai mis un mois à pleurer, à ne pas savoir quoi faire.  J’ai fini par le dire à ma mère qui m’a ordonné de n’en parler à personne ». Elle devait cacher à tout le monde sa maladie car elle est « Aib » !  (Une honte).

« Si les gens s’en rendent compte, tu ne te marieras jamais, ne cessait de me répéter ma mère », dit-elle en soupirant. Cette phrase a longtemps raisonné dans la tête de la jeune fille. « Je ne sortais plus, ne voyais plus personne, j’ai fini par détester la vie », dit-elle amèrement.

Après une lutte de plus de deux ans contre la maladie, Lynda a fini par vaincre la maladie. « Grâce au bon Dieu, je me suis débarrassée de la maladie, mais je n’arrive pas à me débarrasser de beaucoup de démons ». Les démons en question sont l’incompréhension des gens, notamment de ses parents. « Avec le recul, je les comprends mieux. Ce sont des gens qui n’ont pas fait d’études et qui accordent beaucoup d’intérêt à ce que pensent les autres », juge-t-elle. « Ils se sont comportés ainsi pour me protéger des autres ». La jeune fille essaie de se reconstruire. « J’ai abandonné mes études à cause de la maladie et des tabous. Là j’essaie, petit à petit, de reprendre goût à la vie et de laisser tout ça derrière moi », conclut-elle.


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