Fièvre aphteuse : excès verbaux et défaillance du système de surveillance

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L’épidémie de fièvre aphteuse  continue de s’étendre à travers le pays. En visite de travail dans la wilaya de Chlef samedi 16 août, le ministre de l’Agriculture, Nouri Abdelouahab, a mené une violente charge contre les éleveurs qu’il a qualifiés : « (…) de criminels qu’il faut indéniablement traduire en justice (…) ». Excessif et injuste. Le ministre ne peut faire une généralité à partir de l’attitude de quelques-uns, pour condamner tout un secteur d’activité.

Discernement et responsabilité

Il y a sans doute, d’autres sources nous l’ont confirmé, des irresponsables qui n’ont pas appliqué les mesures sanitaires pour tirer bénéfice de cette crise. Faut-il pour autant « criminaliser » l’ensemble des éleveurs ? Certainement pas, si nous reprenons la chronologie des faits nous pouvons constater que le ministre de l’Agriculture a mis une semaine, après la déclaration de l’épidémie, à réagir et à se rendre à Sétif, le 4 août premier foyer de l’épizootie.  Pourtant dès le 4 mai, le directeur du service vétérinaire du ministère annonçait « l’interdiction (…) d’importation d’animaux ovins, caprins et bovins de Tunisie » suite à la découverte de foyers de fièvre aphteuse dans ce pays. Idem pour les produits d’origine animale tels que  « le lait ou la viande (…) ».

Dans l’entretien qu’il nous accordait, il précisait que l’objectif de la mesure d’interdiction concerne « l’introduction frauduleuse d’animaux (…). Il y a un petit mouvement de cheptels au niveau de la frontière ». Dès lors, la question est de savoir quelle a été la concertation avec les autorités tunisiennes pour éviter la contamination ? L’autre question concerne la réactivité des pouvoirs publics, qui est un sujet interministériel, puisqu’il nécessite la mobilisation des forces de l’ordre. Sur ce dossier, il nous paraît important de souligner la nécessité de mesurer ses propos, surtout venant d’un ministre, qui doivent être emprunts de discernement.

Manque de prévision

Dans ce dossier, on peut également s’interroger sur le fait de savoir ce qui s’est passé entre le 4 mai ; date d’entrée en vigueur des mesures d’interdiction et le 4 août ; date du premier déplacement du ministre sur les lieux d’un foyer contaminé à Sétif. D’autre part, début août, le ministère annonçait qu’il y avait une quantité suffisante de vaccins et, quelques jours plus tard, il est contraint d’annoncer une importante commande. Naturellement, il ne nous appartient pas de déterminer les responsabilités.

En revanche, nous devons interroger nos gouvernants et relever les failles de fonctionnement. À propos de la surveillance des points frontières, le dispositif (barrages fixes ou mobiles), après l’alerte lancée par notre voisin tunisien, ne semble pas avoir été efficace. L’enjeu est de taille : il est à la fois social ; des dizaines de milliers d’éleveurs et leurs familles vivent de cette activité. Économique, il y aura inévitablement une répercussion sur les prix de la viande. Et les conséquences sont également politiques. Une mauvaise gestion provoque immanquablement de la méfiance, voire de la défiance de la population quel que soit son statut.


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