Pourquoi l’Algérie interdit-elle d’importer des animaux et des produits d’origine animale de Tunisie ?

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Karim Boughalem est le directeur du service vétérinaire au ministère de l’Agriculture et du développement rural. Il revient, dans cet entretien, sur l’interdiction d’importation d’animaux en provenance de Tunisie suite à la découverte de foyers de fièvre aphteuse dans ce pays

L’Algérie a interdit l’importation d’animaux de Tunisie en raison de la fièvre aphteuse qui sévit dans ce pays. Est-ce que nous importons des animaux de Tunisie ?

L’interdiction d’importation concerne les animaux  (ovins, caprins et bovins) et les produits d’origine animale comme les laits, les viandes mais il faut savoir que nous n’importons pas d’animaux  de Tunisie.  Il y a des introductions frauduleuses et ce sont celles-ci que nous ciblons actuellement. Toute importation d’animaux  est soumise, au préalable, à une dérogation sanitaire d’importation. Or la direction des services vétérinaires n’a pas donné d’autorisation d’importation sanitaire pour la Tunisie. Il n’y a pas d’animaux importés officiellement ? mais il y a un petit mouvement de cheptels qui se pratique au niveau de la frontière Est et c’est celui-là que nous ciblons.

Avez-vous une idée du nombre d’animaux importés frauduleusement ?

Logiquement, ce sont des animaux qui sortent d’Algérie et pas de Tunisie. Au niveau des frontières, il y a des familles qui peuvent envoyer leurs troupeaux sur le territoire tunisien pour paître. Ces animaux, étant en contact avec d’autres bêtes en Tunisie, pourraient contracter la fièvre aphteuse. Les douaniers sont chargés d’interdire aux voyageurs d’introduire de la viande, du lait cru quand ils voyagent.

Comment vont s’effectuer les contrôles au niveau des frontières ?

Nous avons procédé à des opérations de désinfection de tout ce qui rentre. C’est-à-dire que lorsqu’un camion entre en Algérie, il est obligé de passer par un petit espace où on déverse des désinfectants. Et on procède à des pulvérisations pour le haut des voitures et des camions. La première opération, c’est la désinfection, la seconde opération, c’est d’interdire aux voyageurs qui viennent de Tunisie d’introduire des produits d’origine animale. Et nous avons informé tous les services de sécurité, la gendarmerie, la police, les gardes-frontières, le service des Douanes.

Y a-t-il eu des cas d’infection en Algérie?

Il faut savoir que j’ai eu un appel téléphonique du directeur des services vétérinaires tunisien. Il m’a donné l’information, à titre officieux, avant qu’il ait déclaré la maladie à l’Organisation mondiale de la santé animale, parce que là, cela prend un peu plus de temps : le fait de déclarer, de transmettre le document, que l’Organisation répercute l’information aux autres pays… Il m’a appelé en me disant « prends tes dispositions, j’ai de la fièvre aphteuse ». Donc,  avant même l’annonce officielle, nous avons commencé à travailler pour mettre en place notre dispositif sur le terrain. En fait, c’est une entente entre le directeur du service vétérinaire algérien et son homologue tunisien. Nous sommes tenus d’avoir ce type de relations qui est cadré par une convention signée entre les pays de l’UMA (Union du Maghreb arabe). Il n’y a donc aucun foyer infecté à l’intérieur du territoire national jusqu’à maintenant. En Tunisie, le directeur du service sanitaire m’a dit qu’au tout début, il y avait un petit foyer, puis ils sont passés à trois et hier, ils étaient à cinq foyers.

La fièvre aphteuse est-elle une maladie infectieuse ?

Oui, c’est une maladie infectieuse qui touche strictement les animaux et qui ne touche pas l’homme. Elle présente un risque de contagion très forte, c’est-à-dire que le virus peut être véhiculé par le vent.


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