Retards, reports et annulations de vols : les justifications d’Air Algérie

img805

Air Algérie fait encore parler d’elle avec ces retards, ces reports, ces annulations pures et simples de vols, et la mauvaise prise en charge des passagers. Alors que la compagnie évoque des perturbations dues essentiellement au crash du vol AH 5017, des experts pointent du doigt la mauvaise gestion de la compagnie. « Nous avons des retards de trois à six heures en moyenne. Il est exceptionnel qu’on enregistre des retards allant jusqu’à huit ou neuf heures », indique à TSA, Mounia Bertouche, chargée de communication de la compagnie.

Celle-ci explique que le crash du AH 5017 a énormément perturbé le programme que la compagnie avait établi en juin. Composée de 42 avions (Airbus, Boeing, ATR), la flotte d’Air Algérie a été renforcée par l’affrètement de quatre appareils en prévision de la saison estivale et du Hadj. En juillet, le MD 83 qui se dirigeait de Ouagadougou vers Alger s’écrase au Mali. « On essaie de combler un déficit important. Ce sont la France et l’Espagne où on enregistre une forte demande, qui nous intéressent », ajoute-t-elle.

Est-ce que le crash du MD 83 peut-il justifier à lui seul ces perturbations enregistrées pourtant chaque année ? « Nous avons parfois des défaillances techniques ou des défaillances d’équipage. Quand on cumule du retard à Paris, par exemple, et que l’équipage travaille depuis six heures du matin et a fait ses douze heures, il doit être remplacé », argumente Mme Bertouche. Le retard peut aussi être provoqué par des problèmes au niveau de la douane ou des passagers qui s’enregistrent et qui ne se présentent pas, alors que leur bagage est dans l’avion, poursuit-elle.

« Tout est lié et il ne faut pas focaliser sur Air Algérie », insiste-t-elle. Sur la prise en charge des passagers, la responsable affirme que sa compagnie reste respectueuse de la réglementation. « La réglementation stipule que les passagers doivent être pris en charge au-delà de certaines heures de retards. Quand on dépasse un certain nombre d’heures, la compagnie prend en charge l’hébergement des passagers dans les hôtels avec lesquels nous avons des accords, dans la mesure des infrastructures disponibles. Quand il n’y en a pas, Allah Ghaleb (on ne peut rien faire) », lâche-t-elle.

Le manque d’informations données aux passagers sur les perturbations ? « Quand on a une panne technique, cela peut durer une demi heure ou une heure. On ne peut pas donner une information vraiment exacte (sur le retard, NDLR) », assure-t-elle. « Des agents sur place informent les passagers, mais on ne donne pas les raisons pour ne pas effrayer les gens surtout depuis le crash », ajoute-t-elle.

Une gestion de l’exploitation et d’opérations qui pose problème

« Au-delà du crash qui a effectivement tout chamboulé, c’est la gestion de l’exploitation et des opérations d’Air Algérie qui pose problème depuis plusieurs années. Il ne s’agit pas d’un problème d’appareils ou de personnel », explique Mohamed Benzerroug, expert aéronautique. « Sinon, comment peut-on expliquer que le problème continue à se poser chaque année même en affrétant des avions ? », ajoute-t-il, À titre d’exemple, il évoque une défaillance qui peut se manifester dès la préparation de l’appareil de 200 sièges. Cet avion peut être déprogrammé au cas où il y aurait seulement 50 passagers, ajoute-t-il.

Les défaillances de la compagnie sont devenues « chroniques », selon lui. « Elles sont répétitives et on n’arrive pas à les corriger », indique M. Benzerroug. L’une des raisons qui peuvent expliquer ces défaillances, continue l’expert, est la situation de monopole de la compagnie. « S’il y avait une autre compagnie, le problème ne serait pas posé », souligne-t-il. C’est que les autres compagnies aériennes sont aussi confrontées à des défaillances techniques ou d’équipage sans enregistrer ce genre de retards. « Les autres compagnies sont soumises à une réglementation stricte et à la loi du marché. Air Algérie n’a pas de concurrents », précise-t-il. L’autre raison que Mohamed Benzerroug évoque est le choix des gestionnaires et leur profil.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici