Boycotter Air Algérie ?

aeroport-alger-1

Aéroport d’Alger, jeudi 10 août, 6h10

J’arrive serein et détendu pour le vol AH 1022, de 8h00 à destination de Marseille. Première surprise en consultant le tableau d’affichage qui indique l’heure et le comptoir d’enregistrement, je découvre que mon avion est retardé et indique un départ à 8h45. Je reste philosophe, 45 minutes c’est acceptable.

Boycotter ?

Au fur et à mesure que le temps passe, je vois les visages qui se tendent et les conversations qui s’animent parmi mes infortunés compagnons de voyage. Il est à présent 11h et nous n’avons pas eu la moindre explication sur notre départ éventuel. Personne n’a pris le soin de nous informer de la situation. Vers 11h30, celui qui semble être le responsable du vol, un géant de près de 2 mètres, le visage rond, le bouc élégamment taillé s’intéresse aux misérables clients d’Air Algérie : « Nous avons un problème technique sur l’appareil, nous sommes en train d’en affréter un autre et a priori le départ est prévu pour 14h15 ».

Depuis quelques jours, je relis le très beau livre du sud-africain, André Brink,  Une saison blanche et sèche. L’auteur y évoque l’idée du boycott de son pays pour faire pression sur le gouvernement qui pratique l’apartheid. L’idée d’un boycott d’Air Algérie me traverse l’esprit.  Mais comment sanctionner les dirigeants incompétents, sans faire payer les nombreux employés consciencieux ? Je n’en suis pas encore au stade de la mobilisation. Aujourd’hui, c’est le jour de colère.

Incompétence et mépris

Il aura fallu 8 heures pour que la compagnie responsable du vol fournisse des informations aux passagers. Huit heures sans un mot, sans un verre d’eau, sans aucune attention pour les enfants ou les personnes fragiles. La colère monte. Une émigrée venue de Chlef, pressée de retrouver sa ville d’adoption, Nîmes, exige le remboursement de son billet. Pour seule réponse, on lui donne une « attestation de retard ». Mauvaise photocopie, sans date, sans cachet, ni même son nom. Quelle valeur peut avoir un tel document ? Air Algérie atteint des summums lorsque l’incompétence le dispute au mépris.

Après les bribes d’informations, nous retournons au silence abyssal. À midi, rien. À13h, pas davantage de nouvelles. Chacun comprend que nous ne partirons pas à 14h15. Finalement à 14h, c’est l’agitation autour des plateaux repas. En guise de repas, il y a un petit pain, un quart d’eau et une vache qui rit par personne. Finalement et après 9 heures d’attente, nous embarquons sur un appareil de Tassili Airlines qui décolle à 16h15.

Au moment de quitter la salle d’embarquement, je regarde une dernière fois l’écran qui affiche : vol AH 1022 Marseille, départ à 8h. Et, ce vers de Lamartine me revient en mémoire : « Ô temps suspend ton vol… ». On ne dira jamais assez combien le temps pour Air Algérie est une notion relative.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici