La destination Algérie hors de prix

destinantion

Chaque été, les prix des billets d’avion s’envolent, surtout sur le parcours Algérie – France – Algérie. Le manque de disponibilités et les retards sont un calvaire pour les nombreux Algériens qui veulent passer leurs vacances dans leur pays d’origine.

Pour Amar, père de famille qui vit à Paris, venir en Algérie en été relève du parcours du combattant. « C’est une vraie course pour venir. On s’épuise physiquement et financièrement », regrette-t-il. Père de quatre enfants, il a l’habitude de venir chaque été en Algérie. De guerre lasse, il admet qu’il pense à réduire ses allers-retours. « Avec quatre enfants, je ne peux plus penser à venir chaque année. Les billets nous coûtent les yeux de la tête », dit-il, dépité.

Akli étudiant en France est venu une seule fois en Algérie depuis son départ, il y a trois ans. « Le billet coûte cher. Je suis étudiant, je ne peux pas me permettre de payer un billet qui peut aller jusqu’à 800 euros. C’est de la folie ! », lance t-il.

Si la cherté des billets est le plus gros problème pour les émigrés, les retards des différents vols sont, par ailleurs, un vrai cauchemar pour nos compatriotes. Ces retards peuvent atteindre parfois plusieurs heures.. Le 29 juillet dernier, une centaine de personnes a dû patienter pendant 18 heures avant de pouvoir embarquer pour Alger à bord d’un avion d’Air Algérie. Sihem, une des voyageurs, se souvient de cette « mauvaise expérience ». « Nous étions tous désespéré ;18h d’attente et aucune explication n’a été donnée », s’indigne-t-elle. Après cette mésaventure, la jeune fille jure de ne plus jamais utiliser Air Algérie.

Qu’en pensent les compagnies aériennes ?

Nous avons voulu comprendre les raisons de ce problème. Nous avons  contacté Air Algérie et Aigle Azur. Les deux compagnies aériennes qui génèrent le plus de trafic. La communication, avec elles, n’est pas chose facile, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer le montant des billets, la ponctualité des vols et le service.

Air Algérie a carrément refusé de nous répondre. Aucun commentaire, nous a-t-on précisé. Le collectif contre la cherté dans les transports aérien ne cache pas sa colère contre la compagnie. « Air Algérie cumule les retards dans ses vols et les fausses promesses. Chaque jour, des annulations et des retards de 2, 3 et jusqu’à 12 heures ….Vous savez que vous avez dépassé toutes les limites ? En plus, vous ne donnez aucune explication et il n’y a aucune considération pour les clients », dénonce t-il dans un communiqué paru le 1er août.

De son côté, la compagnie Aigle Azur a montré au départ sa volonté de répondre à nos questions. « La compagnie a bien offert des tarifs promotionnels cet été, ainsi que des  capacités de sièges supplémentaires afin de faire face à la demande », souligne le service de communication. Il nous invite à consulter le site de la compagnie pour avoir plus de détails. Mais il refuse de donner une réponse à la question évoquant la cherté des billets. « Aigle Azur n’a pas d’autres commentaires à faire ». Fidèle client d’Aigle Azur, Fateh, qui habite à Paris, explique que les promotions sont insignifiantes. « Pour un billet aller-retour du 1er août au 1er septembre, il faut compter presque 900 euros. C’est vraiment abusé ! », dit-il.

Tassili Airlines annonce, pour sa part, des vols vers la France pour cet été. Le directeur commercial de la compagnie aérienne, Adil Cherouati, a indiqué, en mai dernier au cours d’une conférence de presse, que la compagnie allait lancer 7 vols par semaine pour Saint-Etienne et Grenoble du 26 juin au 13 septembre. Mais ces offres ne figurent pas sur le site de Tassili Airlines. Trois numéros du centre d’appels sont affichés sur le site, mais aucun d’eux n’est joignable.

Les raisons du malaise

Pourquoi alors ce malaise ?  Premier élément de réponse : les promotions annoncées et qui sont généralement fausses, comme l’a déjà prouvé TSA. Deuxième élément de réponse : le monopole qu’exerce la compagnie aérienne nationale sur les grilles tarifaires. « C’est Air Algérie qui fixe les tarifs et les autres compagnies sont obligées de s’aligner sur les tarifs fixés », nous explique un cadre au niveau de la compagnie nationale.

Interrogé sur les raisons qui font qu’Air Algérie maintienne des tarifs aussi élevés, notre source affirme que c’est une façon de barricader le marché des transports et de toujours garder le monopole. « Si le secteur se privatise réellement, d’autres compagnies proposeront des tarifs attrayants qui feront couler la compagnie », dit-il. « Cela n’est pas concevable pour Air Algérie qui veut toujours tout contrôler », ajoute notre source.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici