La chronique de Hafid Derradji : Comment va l’Algérie?

Dans son célèbre ouvrage, feu Mohamed Boudiaf s’était posé la question suivante : « Où va l’Algérie ? ». Une question qui reste encore posée aujourd’hui, tant que nous ignorons dans quelle direction nous allons. Et ce du fait de l’inertie et de la stagnation de notre vie politique, économique, sociale et même morale et intellectuelle ?

Trois mois après l’élection présidentielle et quelques jours après une Coupe du monde qui a engendré joie et bonne humeur, les Algériens sont retournés à leur quotidien et à leurs préoccupations. S’interrogeant sur l’état de leur pays en dehors du football et de son équipe nationale.

Certains s’interrogent sur le sort de la formation nationale après sa brillante prestation en Coupe du monde.  Ils se demandent si elle peut garder sa stabilité après le départ de Halilhodzic.  Ils restent, cependant, conscients que le football n’est pas tout dans la vie et se sont vite empressés, une fois la joie de la Coupe du monde terminée, de s’enquérir de l’état du pays et du sort des consultations politiques autour de la révision de la Constitution.

D’autres s’interrogent sur la situation à Ghardaïa et sur la prochaine rentrée sociale, sans oublier les questions récurrentes sur l’état de santé du président de la République. Est-il encore capable de diriger la Nation et d’exercer ses fonctions convenablement, compte tenu des défis qui nous attendent ?

Dans le domaine footballistique, les Algériens se sont réveillés avec la disparition de ces voix méchantes et malveillantes qui ont critiqué sans aucune retenue l’entraîneur et l’équipe, présageant d’un échec certain au Mondial. Ils se sont réveillés au rythme des mensonges et de l’hypocrisie de certains médias qui ont tenté de minimiser la prestation de l’Équipe nationale et qui s’en sont pris au sélectionneur  lorsqu’il a refusé de continuer à entraîner les Verts !

Une fois la Coupe du monde terminée, les Algériens se sont rendu compte que les consultations politiques sur la révision de la Constitution étaient terminées comme elles avaient commencé. Et que leur issue ressemblait à celle menée par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Pourtant, il s’agit du texte fondamental de la Nation, le texte qui va régir l’État que nous voulons pour nos enfants loin de tous conflits et sensibilités déclarés ou cachés existant encore entre de nombreuses institutions.

Quant à la situation à Ghardaïa, nous l’avons retrouvée telle que nous l’avons laissée. Peut-être même pire. Nous avons banalisé le conflit et l’avons traité de façon superficielle alors qu’il a coûté la vie à dix citoyens algériens. Sans savoir pourquoi on les a tués.

En revanche, les vivants parmi les habitants de Ghardaïa savent que la situation a atteint un degré inégale face à un échec flagrant des autorités à mettre fin aux violences dans cette région. Et face au silence inexpliqué des partis politiques et des personnalités nationales. À croire que le conflit concerne un autre pays.

Après la Coupe du monde, les Algériens se sont réveillés pour apprendre qu’une délégation regroupant des membres de l’Armée nationale populaire et des civils allait participer au défilé du 14 juillet, marquant le centenaire de la Première Guerre mondiale. En dépit de l’opposition des nombreux Algériens et Français, alors que les festivités célébrant l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet n’ont plus aucun goût. Du coup, nos enfants n’entendent parler des sacrifices de leurs parents et grands-parents qu’à travers ce que diffusent les chaînes de télévisions officielles à la veille du 5 juillet. Des images et des commémorations fades qui ne reflètent en rien la grandeur de ces sacrifices.

Après le Mondial, les Algériens se sont réveillés pour trouver une vie  politique et culturelle triste où tout le monde est parti en vacances. La crise intellectuelle et morale va en s’aggravant en raison de la  médiocrité qui continue à tous les niveaux. L’élite est traquée et divisée pour mieux asseoir le règne de l’ignorance et de la corruption.

On veut pérenniser l’autorité d’un gang qui veut tuer chez les Algériens toute volonté de changement pour construire un État avec des institutions, des compétences et des lois. Et non un État basé sur l’obéissance et l’allégeance, un groupe qui n’a aucune visibilité de ce que sera notre situation dans les mois, voire les semaines à venir. Un groupe pour qui l’avenir de la Nation s’arrête à son niveau. Alors, à tous ceux qui se demandent où va l’Algérie, je dirais, vers l’inconnu.

derradjih@gmail.com


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