L’Anep, une variable d’ajustement au service des équilibres politiques et des luttes de clans

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L’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) a décidé, lundi 14 avril, de suspendre la publicité publique à deux journaux, Algérie News et Djazaïr News, appartenant au même éditeur, Hmida Ayachi. Coïncidence ou pas, la décision de l’Anep est tombée le jour même où le quotidien accueillait dans ses locaux une conférence de presse de Barakat, le mouvement d’opposition à un quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

Il s’agit, là, d’une décision annoncée en pleine campagne électorale, comme un nouveau symbole après les interdictions de la chaîne Al Atlas TV et la censure qui a touché deux émissions sur Dzaïr TV. Conformément aux constats des ONG internationales de défense des droits de l’Homme, le régime algérien fait preuve d’une censure qui ne dit, bien entendu, jamais clairement son nom.

Retirer la publicité de l’Anep à un média est toujours une décision à géométrie variable dès qu’il s’agit de punir les « adversaires» du régime.

Au-delà du cas de ces deux journaux et de la suppression de la publicité publique, c’est bien le fonctionnement de l’Anep qui pose question. Sur quelle base et selon quels accords des journaux sont-ils abreuvés de publicité publique ? Pourquoi, dans le même temps, un média à forte audience comme TSA (120 000 visiteurs uniques par jour) est-il interdit de publicité publique ? Ces questions resteront sans réponses.

Et pour cause : le fonctionnement de l’Anep est, en effet, tout ce qu’il y a de plus opaque et peut induire toutes les dérives. Auparavant, gérée par le service de presse du DRS et le fameux colonel Fawzi jusqu’au démantèlement de ce service, qui est, désormais, en charge de l’attribution de cette manne publicitaire publique ? Le ministère de la Communication ? La présidence de la République ? Nul ne sait réellement.

En théorie, l’accès à l’Anep ne devrait pas être un outil au service du régime, mais bien au contraire un instrument au bénéfice des entreprises publiques pour faire connaître leurs produits et services auprès des professionnels et du grand public. La publicité devrait être attribuée selon une logique commerciale et non plus comme une variable d’ajustement au service des équilibres politiques et des luttes de clans.


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