Baisse du dinar : les gagnants et les perdants

banque algérie

Le dinar poursuit sa glissade face aux principales devises, notamment le dollar. Depuis le 1er janvier 2014, la monnaie nationale a perdu 22% par rapport au billet vert.

Notons que la valeur du dinar est fixée par la Banque d’Algérie, par un mécanisme de flottement dirigé, et non librement par les marchés. Cela dénote donc d’une volonté manifeste de déprécier la monnaie nationale, malgré les dénégations des autorités compétentes. La Banque centrale affirme qu’il s’agit d’établir le niveau du dinar à sa juste valeur, alignée sur les fondamentaux de l’économie.

Au-delà des raisons d’une telle mesure, il y a lieu de s’intéresser aux conséquences de la dépréciation du dinar face au dollar. Qui sont les gagnants et les perdants de cette équation ? Eléments de réponse.

Certains tirent « leur épingle du jeu »

Les banques, notamment étrangères, sont sans conteste, les principales bénéficiaires de la baisse du cours du dinar. En effet, elles enregistrent une hausse importante de leur chiffre d’affaires. Les banques prélèvent différentes commissions (engagements et transferts) sur les opérations de commerce extérieur.

Ces commissions correspondent à des pourcentages, allant de 0,2% à 0,6%, sur le montant en dinars des opérations. La dépréciation de la monnaie engendre une augmentation proportionnelle automatique du montant prélevé en dinars, pour un même produit dont le prix en devises est « stable ». Ainsi, les banques prélèvent, à part constante (pourcentage), un montant supérieur du fait du renchérissement (en dinars) des importations.

De la même manière, les compagnies d’assurance activant dans la couverture des risques des opérations de transport des importations (par voie maritime en particulier) connaissent une augmentation significative de leur chiffre d’affaires. Ces assurances perçoivent un pourcentage sur la contrepartie en dinars des marchandises importées, d’où l’impact positif d’une dévaluation.

Par ailleurs, les recettes de l’administration des Douanes, dont les droits de douane sont appliqués sur la contrevaleur en DZD de la marchandise importée, augmentent également. Le taux de la dépréciation du dinar gonfle proportionnellement aux droits de douane.

De même pour les recettes de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), payable sur les produits et marchandises importées. La Direction générale des impôts (DGI) recouvre la TVA par le biais de l’administration des douanes, qui détermine la TVA à payer sur la contrevaleur en DZD des importations, par le même mécanisme que pour les droits de douane.

Toujours dans le même ordre d’idées, les recettes de la fiscalité pétrolière de l’Etat connaissent une hausse importante. Celles-ci sont perçues en dollars mais exprimées en dinars. Donc le budget de l’Etat, fortement dépendant des recettes pétrolières, verra ses rentrées augmenter.

D’autres subissent

Tout d’abord, il est évident que le consommateur final aura à supporter toutes les charges supplémentaires énumérées plus haut, induites par la dévaluation du dinar. En effet, les Algériens seront inévitablement victimes d’une baisse du pouvoir d’achat. Dans un pays comme l’Algérie, fortement dépendant des importations pour se nourrir, s’habiller, voire se loger, la hausse des prix des produits importés sera forcément répercutée sur les prix de vente au consommateur algérien. D’ailleurs plusieurs entreprises ont annoncé une hausse des prix de leurs produits (voitures, téléphones mobiles, électroménager, etc).

Ensuite, une des catégories qui souffrira grandement de cette baisse du dinar est l’entreprise et les producteurs locaux qui importent les matières premières (intrants) pour leur production. N’étant pas protégées contre les risques de change, les entreprises algériennes souffrent de ces variations et se doivent de répercuter la dépréciation sur le prix de vente. Un des risques majeurs est de voir disparaître certaines des rares entreprises productrices algériennes.

Enfin, une hausse de l’inflation, exogène et endogène, risque d’affecter l’ensemble de l’économie nationale et aura des conséquences néfastes. Le cercle vicieux de la hausse des prix, de la baisse du pouvoir d’achat, donc de la consommation, finirait par avoir raison d’un taux de croissance déjà modeste.

 


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