Conditions d’octroi de la publicité aux médias : une réalité qui ne date pas d’hier

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Ooredoo est actuellement au cœur d’une polémique après les propos tenus par son DG, Joseph Ged, annonçant que l’entreprise de téléphonie ne s’associerait pas aux médias qui lancent « des attaques personnelles ni envers l’Algérie, ni envers le Qatar».

Plusieurs journaux algériens ont emboîté le pas aux réseaux sociaux en dénonçant la déclaration de Ged. Les détracteurs critiquent ce qu’ils considèrent comme des menaces contre ceux qui s’attaqueraient au pouvoir algérien ou au Qatar.

Cependant, une telle position laisse entrevoir un degré de naïveté surprenant de la part de ses adeptes. En effet, toutes les entreprises établissent leurs stratégies publicitaires selon leurs intérêts. N’importe quel journal sait que s’attaquer à ces intérêts fait inévitablement courir le risque de voir l’annonceur retirer sa publicité.

Toutes les entreprises agissent ainsi, Ooredoo a juste eu l’audace (ou le mérite, c’est selon) de dire tout haut ce que le reste des entreprises fait à la dérobée, subtilement.

Dans une vision réaliste du monde, c’est donc à la charge du journal de faire preuve de droiture, et de ne pas fléchir face aux risques. Malgré son statut de premier quotidien électronique d’information francophone en Algérie, TSA a connu plusieurs incidents où des annonceurs ont roulé des mécaniques dans une tentative d’intimidation. En juin 2014, Citroën Algérie avait suspendu sa campagne publicitaire sur TSA peu après la publication d’un article relatant des enquêtes fiscales visant l’entreprise automobile.

Depuis plusieurs mois, les filiales algériennes des groupes français boycottent TSA, jugé comme étant critique à l’égard de la politique française en Algérie. Récemment encore, Djezzy a mis fin au contrat publicitaire qui la liait à TSA après la parution d’articles critiquant l’opération de rachat par l’Etat algérien de l’opérateur de téléphonie. Ce type d’incidents sont communs, cela n’empêche pas de continuer à aller de l’avant.

La réalité du « chantage par la publicité » n’est par ailleurs pas le seul fait des entreprises privées. L’Anep fonctionne dans l’opacité la plus totale quant à l’attribution des publicités, et il est de notoriété publique qu’elles ne sont accordées qu’à ceux qui savent montrer patte blanche.

Le « chantage par la publicité » ne concerne même pas l’Algérie, uniquement. Pas plus tard qu’aujourd’hui, le directeur général de HSBC a reconnu que la banque retirait ses publicités des médias se livrant à une « couverture hostile » de l’affaire Swissleaks. Malgré les intimidations, le journaliste a le devoir de rester imperturbable, de garder le cap et continuer le travail.


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