Histoire : Saïd Sadi accuse Bouteflika de « révisionnisme »

SAID-SAADI

Saïd Sadi n’a pas d’appréhension concernant l’information judiciaire ouverte contre lui suite à ses propos tenus sur Messali Hadj, Ahmed Ben Bella et Ali Kafi. « Le pouvoir a ses calculs, j’ai mes arguments. Au regard du droit algérien, l’auto-saisine du parquet est une aberration juridique », explique-t-il dans un entretien publié ce mercredi 4 février par le journal Liberté.

L’ancien président du RCD assure que les propos qu’il avait tenus sur Messali « n’étaient pas ceux qui ont été rapportés ». Mais il se montre confiant et affirme encore une fois : « Je n’ai pas cherché cette confrontation dans le prétoire mais elle est bienvenue car il est temps de libérer l’histoire et la mémoire des curées tribales ».

« Plus de cent avocats ont spontanément proposé leur constitution », selon lui. Saïd Sadi rappelle la pétition lancée en ligne et qui a été signée par plus de 24.000 personnes « en moins d’un mois », un record en Algérie, selon lui. « Des anciens maquisards de la Fédération de France du FLN ou des Wilaya II, III, IV et des enfants de Chouhada qui ont affronté le messalisme se portent témoins », affirme-t-il.

Une stratégie de révisionnisme

Dans cette interview, Saïd Sadi parle d’une « méticuleuse stratégie de révisionnisme avec l’arrivée de Bouteflika » au pouvoir. « Messali a été « repêché » dans la foulée des célébrations d’Abane et de Khider dont les noms ont été donnés aux aéroports de Béjaïa et Ouargla (…) », avance-t-il. « On se souvient de la légende de grand maquisard que le chef de l’Etat s’est construite, du deuil de huit jours qu’il a fait observer à la mort de Ben Bella (…). Il y a une vraie filiation idéologique et politique entre Messali, Ben Bella et Bouteflika », poursuit-il.

Pour M. Sadi, « il est légitime de se poser la question du coût payé par l’Algérie indépendante aux collaborations de Ben Bella avec Fethi Dib, chargé par Nasser de contrôler le FLN ». Il évoque ensuite la « corruption des organisations en charge des anciens combattants ». « Ce révisionnisme a pu se faire par la corruption des organisations en charge des anciens combattants, le prix du baril a permis de pousser à son paroxysme l’inflation de faux moudjahidines lesquels ont dilué les voix des authentiques maquisards », dit-il.

Régionalisme…

Saïd Sadi accuse de régionalisme certaines personnalités et certains intellectuels dont des historiens l’ayant critiqués. « Il y a déjà beaucoup à dire sur le poids du régionalisme dans la construction de la pensée d’une bonne partie de l’élite algérienne et de sa relation incestueuse avec le pouvoir politique », lâche-t-il avant de citer quelques noms. « Un citoyen a eu l’idée d’établir la liste des contempteurs qui se sont mobilisés dans cette polémique : « D. Ould Kablia, A.C. Deroua, M. Benachenhou, D. Djerbal, A. Lahouari, M. Rahal… tous originaires de l’ouest », souligne-t-il.

Interrogé sur « comment se manifeste le régionalisme, Saïd Sadi répond : « D’un point de vue institutionnel, il suffit de regarder les grandes affectations des responsabilités régaliennes pour voir que les recrutements sensibles se font sur la base de coteries régionalistes ». Sur le plan économique, « cela se traduit par une prédation où la compétitivité, le droit et la concurrence sont ignorés ». Le fait que des personnes originaires de la Kabylie occupent des postes de responsabilités ne changent rien à la donne, pour lui. « C’est dans les collectivités les plus indociles que sont recrutés les éléments qui doivent exécuter les « sales besognes ».

Révision de la Constitution : les chefs militaires consultés dans l’opacité

Saïd Sadi est revenu sur les réunions entre Bouteflika, Gaïd Salah et le général Toufik autour de la révision constitutionnelle. « Les différends opposant le chef de l’état-major omniprésent et le responsable du DRS sous pression étaient connus de tous. Il semble que le réchauffement survenu entre les deux hommes n’a pas suffi à provoquer une discussion conjointe avec le chef de l’Etat », avance-t-il. Avant d’ajouter : « Mais est-ce là l’essentiel ? Au moment où le pouvoir s’évertue à convaincre de sa volonté d’associer tout le monde pour la prochaine révision de la Constitution, on remarque que lorsqu’il faut vraiment trancher ce sont les militaire qui sont consultés dans l’opacité ».

L’ancien président du RCD évoque également une volonté « d’aarouchiser » le mouvement du sud et des pressions subies par un parti comme le MSP. « Les intentions du pouvoir sont d’une dramatique inconséquence : statu quo et manipulations ». « Il reste une alternative d’un mouvement large et patiemment conduit, associant les partis émancipés du pouvoir et la société civile(…) c’est ce qui est en train de se faire laborieusement dans la coordination pour les libertés et la transition démocratique et dans les luttes menées au sud», selon lui.


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