« Le terrorisme est à nos portes »

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Rachid Grim, politologue, revient sur l’annonce par l’Union européenne d’une intensification de sa coopération avec les pays musulmans, dont l’Algérie, pour la lutte anti-terroriste.

Qu’est-ce que cette coopération impliquerait pour l’Algérie ?

L’Algérie demande depuis tellement longtemps ce genre de coopération. Elle voudrait bien que les pays occidentaux s’engagent dans cette lutte, si cette coopération a réellement lieu bien sûr et si elle se fait sans arrière-pensées. Ceci dit, j’ignore si ces pays (européens) ont une réelle prise de conscience et s’ils y vont sans arrière-pensées politiques et stratégiques. Chacun des pays concernés par la lutte anti-terroriste est dans une situation différente et chacun vise des objectifs particuliers.

Pour revenir à l’Algérie, je pense qu’elle serait vraiment contente de trouver de vrais appuis pour la lutte contre le terrorisme, car le terrorisme est à nos portes. Il y a les groupes qui s’activent au Sahel puis Boko Haram qui n’est pas très loin. Il y a une forte déstabilisation qui est autour de l’Algérie.

Est-ce-que ça voudrait dire que l’Algérie va changer sa position concernant le conflit en Libye, particulièrement après l’attaque de son ambassade?

Non, je ne pense pas. En Libye, il y a déjà un dialogue qui s’est mis en place et c’est une bonne chose. Je pense que la situation dans ce pays va s’améliorer. L’autre solution serait l’intervention militaire. Je ne pense pas que l’Algérie soit encline à ça. Je ne pense pas que notre pays va changer sa position par rapport à cette question, ça serait aller contre ses principes fondamentaux.

D’après les derniers propos du ministre des Affaires religieuses, la lutte anti-terroriste est aussi menée au niveau des médias et de la société. Est-ce que l’Algérie est réellement impliquée dans ce genre de lutte?

Oui, l’Algérie est impliquée pour le moment. Le problème réside dans la formation religieuse. Les imams doivent être formés et ils doivent être contrôlés. C’est exactement ce que le ministère des Affaires religieuses est en train de faire. Il est en train de former les imams pour les préparer à appréhender la manière dont l’islam est vécu chez nous, pour diriger le peuple vers un islam pacifiste.

Mais ça ne dépend pas que du ministère des Affaires religieuses. ça dépend aussi, et surtout, de l’école, pour éviter que celle-ci forme des fondamentalistes. Il faut revoir tout le système éducatif. On a l’impression que les deux ministères qui sont en charge de ses problèmes sont en phase. Le ministère des Affaires religieuses et celui de l’Education représentent vraiment une idée de modernisme dans le contexte social rétrograde que nous vivons. On espère que les manifestations qui ont eu lieu vendredi dernier et qui nous ont replongés en plein dans les années 90 soient juste un dérapage.


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