L’économie algérienne passée au crible : une situation de plus en plus inquiétante

Ministre des finances d'Alger

La Banque Mondiale a publié, mardi 13 janvier, son rapport annuel sur les perspectives économiques mondiales en 2015. Le document inclut une partie consacrée à la région MENA (Moyen Orient – Afrique du Nord) et aborde notamment les défis auxquels fait face l’Algérie.

Un baril à 130 dollars pour équilibrer le budget

L’une des informations que l’on retire de ce document est que l’Algérie a besoin d’un baril à environ 130 dollars pour atteindre un équilibre budgétaire. Ce chiffre est supérieur à celui des 100 dollars régulièrement annoncé par le FMI. Le pétrole brut s’échange, à l’heure actuelle, à moins de 50 dollars le baril à la bourse de Londres, la référence pour le Sahara Blend algérien.

Selon le document, la croissance du PIB en Algérie sera de 3,3% en 2015 avant d’atteindre 3,5% en 2016 et 2017. En revanche, le solde du compte courant du pays a accusé un déficit en 2014, pour la première fois en près de 15 ans. En effet, il a été déficitaire à hauteur de 3,3% du PIB l’année dernière. Ce déficit se creusera de manière significative à partir de 2015. Il sera équivalent à 9,1% du PIB cette année, puis atteindra un taux de 9,3% en 2016 et sera de 9,5% en 2017, selon les prévisions de la Banque Mondiale.

Revoir la politique de subventions

Les subventions algériennes aux énergies fossiles en 2014 sont équivalentes à près de 10% du PIB, selon les chiffres fournis dans le rapport. La Banque mondiale considère que la réforme de la politique de fort subventionnement des prix de l’énergie d’origine fossile devrait être une priorité.

Les auteurs du rapport considèrent ces subventions comme « importantes et inefficaces ». Destinées, à l’origine, à partager les revenus pétroliers chez les pays exportateurs, ces subventions tendent à profiter, de manière disproportionnée, aux populations aisées, précise le document. Dans le même temps, elles exercent une pression supplémentaire sur le budget et le compte courant du pays, tout en nuisant à la croissance, selon la même source.

Enumérant les différentes conséquences néfastes de ces subventions, le rapport mentionne notamment l’orientation de la consommation, de la production et des investissements directs étrangers vers des activités énergivores.

Par ailleurs, ces dépenses tendent à nuire à l’emploi. Elles contribuent également à augmenter « le volume du trafic routier » et le nombre d’accidents et de morts, par voie de conséquence, toujours selon la même source. Un autre effet négatif réside dans les conséquences environnementales, à travers la réduction de la qualité de l’air et « l’encouragement de l’agriculture à haute consommation en eau », toujours selon la Banque mondiale.

Pourtant, l’institution internationale estime que le contexte actuel de baisse des prix du pétrole réduit « les besoins pour les subventions des carburants » et offre l’opportunité de les réduire « avec un impact limité sur les consommateurs ».

Une croissance fragile et en-deçà du potentiel

A l’échelle régionale, les économies des pays MENA ont stagné, selon les données de la Banque Mondiale. Celle-ci estime que la croissance moyenne de la région “n’est que d’à peine 0,8% par an » contre un taux moyen de 4,4% durant la décennie écoulée.

En ce qui concerne l’Algérie, la croissance du PIB est de 3% en 2014 avec une prévision de 3,3% pour 2015 et de 3,5% pour 2016, ainsi que 2017, d’après l’institution. A titre comparatif, la croissance annuelle moyenne est estimée à 3,3% sur la période 2000-2010, selon la même source.

En revanche, « cette  modeste reprise reste fragile » selon la même source. Et elle se situe « bien en-deçà du potentiel de la région » selon le rapport. Les réformes structurelles nécessaires pour « stimuler la croissance, baisser le chômage et réduire la pauvreté ne sont pas mises en œuvre ».

Un « fonds souverain » substantiel mais une forte dépendance aux hydrocarbures

Par ailleurs, la Banque mondiale fournit une série de chiffres qui permettent d’évaluer la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des hydrocarbures : l’État tire plus de 60% de son revenu global (budget) des matières premières, en particulier du pétrole. En ce qui concerne les exportations, le pétrole représente près de 97% de la marchandise exportée à partir de l’Algérie. Enfin, le secteur des hydrocarbures représente un peu moins de 20% du PIB national, selon la Banque mondiale. En réalité, la part de ce secteur est largement supérieure et se situerait plutôt aux alentours des 30%, selon les chiffres officiels.

En termes de prix du pétrole, la Banque mondiale estime « qu’après leur forte chute en 2014, les prix du pétrole resteront faibles en 2015 mais devraient augmenter modérément à moyen terme ». Cela contribuera, selon la même source, à stabiliser les “positions fiscales” (budgétaires) et soutiendra la demande interne.

Enfin, la Banque mondiale estime que les avoirs du fonds souverain de l’Algérie, représentent environ 40% du PIB national. Bien que l’Algérie n’ait pas officiellement de fonds souverain, l’institution internationale fait référence à l’épargne du pays, notamment à travers le Fonds de régulation des recettes (FRR).


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