La Route nationale n°9 (RN9), reliant Bejaia, Sétif et Jijel, est coupée à la circulation automobile depuis dix jours, par les habitants de Souk El Tenine qui réclament le gaz de ville.
Le blocage de cet important axe routier paralyse l’économie de cette région et empêche les travailleurs, les étudiants, les malades des localités situées aux abords de la cette route de se rendre à Bejaia. Les autorités assistent en spectateurs à l’enlisement du conflit. Les services de sécurité ne sont pas intervenus pour rouvrir la route pourtant vitale pour des milliers de familles. Le Ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaiz, ne s’est pas mobilisé pour aider le wali de Bejaia à trouver une solution au problème, donnant l’impression aux habitants que l’Etat est absent.
Las d’attendre, les manifestants réclament la relance des travaux de réalisation du gazoduc, venant de Bejaia pour les alimenter en gaz. Ce projet est bloqué depuis plus de 8 ans au niveau d’Aokas, une localité voisine, située entre Bejaia et Souk El Tenine, et ce en raison de l’opposition des habitants du village Tadelsant. Ces derniers réclament la déviation du tracé du gazoduc pour des raisons de sécurité. Mais les autorités font la sourde oreille, ce qui alimente la colère des habitants de Souk El Tenine.
Certes, la revendication de la population de cette station balnéaire située à 30 km à l’est de Bejaia est légitime, mais la méthode choisie pour la faire aboutir est contestable pour au moins deux raisons. D’abord, couper une route nationale pénalise davantage les citoyens et ne représente pas un moyen de pression efficace sur le gouvernement qui mise justement sur le pourrissement pour venir à bout de ce genre de protestation impopulaire. Ensuite, les milliers de personnes pénalisées par le blocage de la RN 9 ne sont pas concernées par la revendication des habitants de Souk El Tenine et se retrouvent, du coup, otage de ce conflit. Au lieu de recourir systématiquement au blocage de la RN9, avec les conséquences négatives sur l’économie de la région, les habitants de Souk El Tenine devraient plutôt s’inspirer des actions pacifiques menées par la population d’In Salah pour s’opposer à l’exploitation du gaz de schiste.
