Tunisie : les ingrédients d’une transition démocratique réussie

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Le second tour des élections présidentielles en Tunisie a eu lieu hier dimanche 21 décembre. Il a opposé Béji Caïd Essebsi, candidat de l’alliance Nidaa Tounès, à Moncef Marzouki, président provisoire de la Tunisie choisi par l’assemblée constituante fin 2011. Les élections se sont déroulées dans le calme. Elles constituent le couronnement du processus démocratique entamé en 2011.

De tous les pays du Printemps arabe, seule la Tunisie a réussi sa transition démocratique. Le voisin libyen a sombré dans le chaos, tout comme la Syrie. L’Égypte a renoué avec la dictature, après le coup d’État du général Sissi, suivi d’une mascarade électorale.

Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi la Tunisie est devenue un modèle démocratique dans le Maghreb et le Moyen-Orient. D’abord, le niveau d’éducation élevé des Tunisiens semble être un facteur dans la réussite du Printemps arabe. Malgré tous leurs défauts, Bourguiba et Benali ont permis et soutenu la mise en place d’un système éducatif tunisien de qualité. Une école qui forme bien et qui offre à la société civile les moyens de réussir à contrôler sa propre destinée.

Police politique

L’autre facteur qui a joué un rôle dans la réussite du processus démocratique est le rôle joué par les partis islamistes. Ennahda, principal parti islamiste du pays, a accepté de jouer le jeu démocratique en ne présentant pas de candidat officiel à la présidence. Ennahda semble se satisfaire à l’heure actuelle de son poids au Parlement, cœur du pouvoir politique tunisien, et semble vouloir procéder doucement, par étape, pour accéder au pouvoir, en respectant les règles du jeu.

Enfin, un facteur qui semble avoir contribué à l’essor de la démocratie en Tunisie est l’absence de services de renseignements puissants. Le point commun entre les trois pays du Printemps arabe qui ont sombré dans le chaos est la présence de puissants services de renseignements, dotés de véritables pouvoirs, parfois supérieurs à ceux du pouvoir apparent.

Le fait que les services de renseignements tunisiens ne partagent pas le pouvoir de façon flagrante et apparente, comme cela peut être le cas en Égypte, en Syrie et en Libye ou dans d’autres pays, a permis l’émergence d’une classe politique tunisienne indépendante, avec des partis qui prennent leurs décisions en toute souveraineté, loin des manipulations de la police politique.

Reste maintenant à cette Tunisie nouvelle de prouver que la démocratie peut être stable et durable dans un pays arabe. Car la lutte pour la démocratie est un effort perpétuel.


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