L’Etat doit-il s’inspirer de Cevital ?

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Cevital a obtenu, ce mardi 2 décembre, le feu vert du gouvernement italien pour le rachat du principal complexe de production d’acier du groupe Lucchini, situé à Piombino. Pour Cevital, c’est la seconde acquisition d’une entreprise étrangère importante, après son rachat du groupe FagorBrandt, en France, plus tôt dans l’année.

Ces acquisitions stratégiques à l’étranger devraient permettre à Cevital d’augmenter dans l’avenir ses exportations à travers les bénéfices qu’il réaliserait. Mais, en plus des devises, ces achats à l’étranger vont lui permettre de se diversifier et d’avoir accès à des technologies et un savoir-faire qu’il n’aurait jamais acquis en Algérie, même au prix d’investissements colossaux.

Hasard du calendrier, dimanche, le gouvernement a annoncé l’octroi d’un crédit de 600 millions de dollars par la Banque Extérieure d’Algérie à ArcelorMittal Algérie, renationalisé dans le cadre du 51/49 après l’échec de sa privatisation. Une somme colossale qui s’ajoute aux centaines de millions de dollars injectés depuis plusieurs années dans ce qui peut être considéré comme un gouffre pour relancer l’industrie sidérurgique, sans succès. L’Algérie, pour des raisons encore inconnues, continue pourtant d’insister et de soutenir ArcelorMittal en dépensant des centaines de millions de dollars sans stratégie claire ni vision sérieuse.

Aucun transfert de technologie

Le cas d’ArcelorMittal illustre le gaspillage de l’argent public, avec l’espoir vain d’accéder à un savoir-faire étranger. Les exemples de contrats publics donnés à des entreprises étrangères en Algérie sont nombreux. L’Algérie a déboursé des centaines de milliards de dollars dans des projets publics confiés à des groupes étrangers, sans jamais avoir obtenu en échange les transferts de savoir-faire et de technologie nécessaires à son développement et à celui de ses entreprises. Aujourd’hui, Sonatrach, la plus prestigieuse de nos entreprises, ne sait toujours rien faire seule. Elle a besoin d’un partenaire étranger pour le moindre projet. Le même constat s’applique à toutes les autres entreprises.

Le constat d’échec est pourtant sans appel. L’Algérie a beau acquérir de nouveaux équipements et faire appel à des entreprises pour gérer les infrastructures et former le personnel local, à chaque départ des étrangers on effectue un retour à la case départ.  L’indépendance dans le savoir-faire algérien est au même niveau aujourd’hui qu’il ne l’était il y a vingt ans, avant le lancement des grands projets.

La question mérite donc d’être posée : l’Algérie doit-elle s’inspirer de Cevital ? Alors que plusieurs entreprises européennes sont en grande difficulté, plusieurs d’entre elles sont susceptibles d’être rachetées  par l’Algérie. En investissant stratégiquement dans certaines entreprises en Europe, l’Algérie irait acquérir les technologies et le savoir-faire là où il se trouve plutôt que d’attendre en vain de les recevoir ici. Être proactif pourrait bien être la solution pour donner l’élan nécessaire à l’économie algérienne alors que le cours du pétrole continue de sombrer.

 


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