Gestion du statu quo, sur fond de maladie du Président et de rivalités entre ministres

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Le DGSN, Abdelghani Hamel, qui n’adresse presque plus la parole à son ministre de tutelle, Tayeb Belaïz, depuis maintenant plusieurs mois. Un Premier ministre qui n’a presque aucune autorité sur son ministre de l’Intérieur qui dépend et travaille directement avec un président malade et très peu disponible pour gérer les affaires du pays. C’est dans cette ambiance surréaliste que sont gérés deux dossiers sensibles : les interminables violences à Ghardaïa et la contestation inédite des policiers.

Résultat : le Premier ministre Abdelmalek Sellal a refusé de s’impliquer directement dans les deux dossiers. Hier, il a tenu une réunion sur la situation à Ghardaïa et les contestations policières, mais il n’était pas en première ligne dans la gestion du dossier. Il a refusé de s’exprimer publiquement ou de recevoir les policiers qui ont campé durant toute la soirée devant le Palais du gouvernement, en exigeant d’être reçus par le Premier ministre ou son ministre de l’Intérieur. « Il va parler pour dire quoi ? Il va recevoir les policiers pour leur promettre quoi ? Il ne décide pas directement sur les deux dossiers. Belaïz ne l’écoute pas. Il est même capable de le contredire publiquement », explique un connaisseur des arcanes du pouvoir.

Un Président malade, un Premier ministre sans pouvoirs

En fait, Sellal n’exerce son autorité sur aucun grand ministère. La Défense, les Affaires étrangères, l’Énergie, l’Intérieur et la Justice lui échappent. Ces ministres nommés par Bouteflika, parfois contre l’avis de Sellal, rendent compte directement au président de la République.

Dans les réunions de gouvernement, certains ministres, notamment Tayeb Belaïz, n’hésitent pas à afficher cette indépendance. Ils contredisent régulièrement leur Premier ministre et mettent en cause son autorité devant les autres ministres, même sur des dossiers qui ne dépendent pas directement de leur autorité. « Parfois, c’est même gênant », reconnaît un ancien ministre qui a requis l’anonymat.

Mais si Bouteflika a toujours privilégié un tel mode de gouvernance en encourageant les rivalités entre les ministres et le Premier ministre, cette fois, la situation est différente. Depuis plusieurs mois, le président est en effet malade. Son rythme de travail a considérablement baissé et il ne donne que rarement des consignes à ses ministres. Ce qui conduit à des situations de blocage, comme celle que nous vivons aujourd’hui à Ghardaïa et dans le dossier de la contestation de la police. Une situation qui risque de devenir rapidement intenable.


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