Tabbou accuse le FFS, épargne Bouteflika et propose un calendrier de sortie de crise

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Karim Tabbou accuse des responsables du FFS, sans les nommer, de vouloir empêcher la création de son parti, l’Union démocratique et sociale. « L’UDS n’est pas exclusivement bloqué par le pouvoir ! », a-t-il déclaré, ce mardi 7 octobre, au forum du quotidien Liberté.

Il a désigné ceux qui sont contre l’UDS par « les démocrates non pratiquants ».

Tabbou a refusé de donner de noms pour « ne pas tomber dans la diffamation » avant de lancer, quelques minutes plus tard : « Je suis choqué d’entendre des responsables du FFS jurer qu’ils vont tout faire pour empêcher la création de l’UDS ».

Pour cet ex-Premier secrétaire du FFS, son ancien parti est actuellement dans une logique « de renoncement et de retournement de situation qu’il faut absolument éclairer ».

Karim Tabbou dit avoir beaucoup de respect pour ce parti, ses militants et son président. « J’ai appris, en étant militant dans ce parti, que l’une des plus importantes revendications était celle d’une assemblée constituante », a-t-il rappelé. « Cinquante ans après, les responsables de ce même parti arrivent à accepter de participer à des consultations avec une procédure qui est tout le contraire d’une assemblée nationale constituante », a-t-il remarqué, faisant allusion à la participation du FFS aux consultations sur la révision constitutionnelle.

Tabbou évoque ensuite les ambiguïtés des positions du FFS. « Les positions, la légitimité et la crédibilité d’un parti politique se mesurent dans les actes qu’il accomplit au quotidien », a-t-il avancé avant de continuer : « La fonction d’un parti est de rendre facile la compréhension de la situation politique ». « Maintenant, nous sommes avec des partis qui compliquent davantage la compréhension d’une situation et on n’arrive même pas à comprendre leurs positions », a-t-il dit.

Pour une constituante 

Tout en critiquant ses responsables, Karim Tabbou adopte une vieille revendication du FFS puisqu’il se dit convaincu que le changement en Algérie passera par une assemblée nationale constituante.  « À l’Union démocratique et sociale (UDS), nous sommes  pour la mise en place d’une instance indépendante chargée de la préparation de l’élection d’une assemblée nationale constituante », a-t-il déclaré.

Tabbou propose même un calendrier de sortie de crise. « Il est clair que la mise en place de cette instance doit intervenir à la fin de la législature actuelle en 2017. Et que l’élaboration de la Constitution ne doit pas dépasser deux ans », a-t-il proposé en ajoutant qu’à la fin du mandat présidentiel en 2019 auront lieu de nouvelles élections.

Fixer de délais est nécessaire, selon lui, pour arriver à concrétiser ce « compromis historique ».

Karim Tabbou estime qu’il est également nécessaire que le pouvoir cesse la « ruse et les manœuvres politiciennes » et que l’opposition « se tourne vers la population ».

« L’Algérie vit une situation de paralysie institutionnelle et blocage politique ». Le porte-parole de l’UDS préfère parler de résistance et non d’opposition. Depuis 1988, « nous sommes dans un pays où il y a plusieurs partis uniques, un pluralisme de façades et une classe politique sclérosée », a-t-il affirmé.

Karim Tabbou appelle à reconstruire la confiance avec le citoyen. « L’opposition doit comprendre qu’elle doit trouver des espaces dans la société. L’une des déformation politique de l’opposition est qu’elle court derrière des espaces et des avantages que lui octroie le pouvoir », a-t-il assuré. « Il faut que l’opposition sorte de l’embuscade. Qu’on attend plus qu’on leur donne des sièges à l’Assemblée ou des postes ministériels. Le vrai chemin est de remobiliser la société », a-t-il insisté.

Absence du président Bouteflika

Karim Tabbou s’est montré quelque peu sceptique concernant l’initiative de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). « Les gens ont fait l’effort de se retrouver, de réfléchir et de débattre, mais nous avons besoin aujourd’hui de faire croiser toutes ces initiatives et sortir avec un plan de travail », a-t-il indiqué.

Dépasser « un certain nombre de clivages et surtout de faux clivages est une évolution très positive », a-t-il souligné en ajoutant que l’opposition doit retrouver « sa fonction de remobilisation de la population ». « Tout le monde proclame la nécessité de retourner au peuple, mais il faut faire l’effort de s’engager sur un processus, fixer un cap politique et des objectifs à réaliser », a-t-il insisté.

Le porte-parole de l’UDS pense qu’« il faut fixer des échéances claires (…) Dans les plateformes, je n’ai pas trouvé un cap clair ». Interrogé sur l’absence du président Abdelaziz Bouteflika, Karim Tabbou a souligné : « J’ai dit qu’on est dans une situation de blocage et elle ne se limite pas au fait qu’on ne voit pas le Président ou le Premier ministre ». « Il ne faut pas se focaliser sur une personne ou un secteur, je pense que le constat est global et il faut créer les conditions d’un sursaut global », a-t-il dit. Pour lui, le pays est devenu « une immense salle d’attente où les gens sont assis ».

Sur les consultations pour la révision constitutionnelle, Karim Tabbou a déploré l’invitation adressée à l’ancien chef de l’AIS, Madani Mezrag, sans le citer.


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