Kidnapping du touriste français : la communication officielle algérienne, entre l’absence de Bouteflika et la bourde de Bouchouareb

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L’ultimatum lancé par Jund-Al-Khalifa, le groupe terroriste qui a kidnappé le Français Hervé Gourdel, expire aujourd’hui. En France, depuis la confirmation, hier après-midi, du kidnapping d’Hervé Gourdel, le président François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabuis ont réagi publiquement. Ils se sont exprimés pour dénoncer le kidnapping et clarifier la position de Paris qui « refuse de céder au chantage des terroristes ». D’autres responsables politiques ont également pris la parole pour condamner l’enlèvement.

La bourde de Bouchouareb

En Algérie, sans surprise, les officiels gardent le silence. Hier lundi, le ministère de l’Intérieur a attendu 21 heures pour publier un communiqué, diffusé via l’agence officielle APS, pour confirmer le rapt alors que l’information avait fait le tour du monde dans l’après-midi.

Aujourd’hui, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselem Bouchouareb, s’est exprimé sur le sujet. Mais au lieu de condamner l’acte, il a seulement cherché à minimiser son impact sur les investissements étrangers en Algérie. « Ce genre de problèmes survient tous les jours dans de nombreux pays à travers le monde. Cela n’a jamais affecté la marche de l’économie mondiale », s’est-t-il adressé à la presse. Une déclaration politiquement maladroite. Étant membre du gouvernement, Bouchouareb aurait pu commencer par une ferme condamnation de l’acte terroriste au lieu de parler de l’impact de l’acte sur les affaires.

C’est d’autant plus maladroit que le rapt du Français a déjà produit un impact négatif sur l’image de l’Algérie. Jusqu’à présent, Daech, dont se réclament Jund-Al-Khalifa, ne s’est implanté que dans des pays très faibles et instables, comme la Syrie et l’Irak. Le kidnapping du ressortissant français risque, dans ce contexte, de nuire fortement à l’image de « pays stable » que le pouvoir tente de promouvoir auprès des partenaires étrangers de l’Algérie. Il faut dire que les officiels algériens ne font aucun effort pour minimiser les dégâts.

Bouteflika absent

Abdelaziz Boutflika, qui avait pourtant présidé samedi une réunion du Haut conseil de sécurité, n’a pas réagi au kidnapping du ressortissant français. Ce n’est également pas lui qui s’est entretenu au téléphone avec le président français, mais son Premier ministre Abdelmalek Sellal. Une absence qui ne risque pas de rassurer les Algériens et leurs partenaires étrangers.

« Aucune information à communiquer à la presse »

Contacté par TSA, un membre du cabinet du Premier ministre Sellal a répondu qu’il n’avait « aucune information à communiquer à la presse». Avant d’ajouter : « Adressez-vous au ministère des Affaires étrangères ». Une manière de dégager la responsabilité sur un ministère. De la même source, nous avons su que le Premier ministre a eu une journée ordinaire. « M. Sellal  a rencontré plusieurs personnalités aujourd’hui dans le cadre des réunions protocolaires habituelles qu’il a l’habitude de tenir chaque jour »,  affirme-t-il. Au Palais du gouvernement, on se penche sur le prochain Conseil du gouvernement prévu pour demain.

Les tentatives de joindre les Affaires étrangères sont restées vaines. Le porte-parole est aux abonnés absents. Quant à Ramtane Lamamra, qui se trouvait lundi à New York, il a préféré parler de la situation en Libye.


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