Au stade, aux mariages, dans la rue… quand le fumigène devient un problème de société

fumigene

Il n’y a pas que dans les stades algériens que le fumigène est devenu un problème. L’équipe d’Algérie, qui joue face au Mali ce soir, risque des sanctions si ses supporters allument des fumigènes au stade Tchaker de Blida. Mais difficile de croire que les supporters des Verts n’en utiliseront pas, tant le fumigène est devenu un véritable phénomène de société en Algérie. Ce dispositif qui s’enflamme et génère beaucoup de fumée est clairement entré dans les mœurs des Algériens. Pour célébrer un mariage, une victoire d’une équipe de foot, un anniversaire ou même l’obtention du baccalauréat, les jeunes n’hésitent pas à payer cher pour faire la fête avec cet objet décrié. Alors que par le passé les hommes tiraient des coups de feu en l’air pour célébrer une union, désormais ils utilisent ce matériel pyrotechnique. Curieuse évolution des pratiques.

La situation n’est pas pour déplaire aux vendeurs de produits pyrotechniques dans le quartier de Djamaâ Lihoud, à la Casbah d’Alger. « Depuis que les fumigènes sont utilisés dans les fêtes, nous en vendons sans arrêt », explique un jeune vendeur d’une vingtaine d’années. Sur son étal, plusieurs modèles de fumigènes sont exposés. Les prix varient entre 1 000 et 1 900 DA.

Il vante la qualité de sa marchandise et nous promet qu’on ne trouvera pas mieux ailleurs. « C’est made in China, mais c’est du premier choix », insiste-t-il. Le jeune vendeur explique qu’il lui est arrivé de vendre plus de 200 fumigènes par jour. « L’été est une saison où nos ventes explosent. Les gens achètent pour les fêtes de mariages mais même pour les anniversaires, les naissances », dit-il en souriant.

Un peu plus loin, un vendeur, la trentaine, explique que les rentrées d’argent sont, cette année, meilleures que l’an dernier. « La saison a été très bonne. Là, j’ai de quoi vivre le reste de l’année tranquille », lance-t-il. Interrogé sur la provenance de ces produits qui sont interdits à la vente, il nous répond avec un sourire en coin que « rien n’est interdit dans notre pays. Vous pouvez en acheter autant que vous voulez. Nous avons un réseau de fournisseurs et la marchandise est disponible tout au long de l’année ».

Une pratique dérangeante

Cette pratique devient de plus en plus récurrente et dérange beaucoup d’Algériens. Amine trouve qu’il est nécessaire d’y mettre fin. « Ça devient vraiment agaçant. Il ne se passe pas un jour sans que l’on soit réveillé par les fumigènes et les feux d’artifice », dit-il. Le jeune homme insiste sur la dangerosité de ces produits. « Plusieurs fois, des jeunes ont allumé des fumigènes dans des tunnels. On ne peut plus rien voir pendant plusieurs minutes. La conduite devient difficile et très dangereuse », explique-t-il.

Étudiant âgé de 21 ans, Sid Ahmed ne partage pas cet avis. La chaleur suffocante ne l’a pas empêché de se déplacer d’Ain Benin à Djamaâ Lihoud, pour faire le plein en fumigènes. « C’est le mariage de mon cousin et on m’a chargé de m’occuper des fumigènes et feux d’artifices ». Le jeune homme ne conçoit pas un mariage sans ce matériel pyrotechnique.

« Je ne vois pas pourquoi cela dérange. C’est une manière comme une autre d’exprimer sa joie », se défend-il. Interrogé sur les risques et le danger, Sid Ahmed répond calmement. « Le plus important c’est de les éloigner des enfants. Quand ce sont des personnes qui ont l’habitude de les manipuler, tout se passe bien. »


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